L’enseignement agricole séduit plus de jeunes
À la rentrée 2025/2026, les effectifs de l’enseignement agricole progressent encore de 1,4 %. Une tendance continue depuis sept ans, qui redonne de l’espoir au moment où le renouvellement des générations d’agriculteurs devient un enjeu majeur.
Le ministère de l’Agriculture a publié le 23 octobre ses chiffres provisoires : près de 221 000 élèves, étudiants et apprentis sont formés cette année dans les établissements agricoles, du collège aux écoles d’ingénieurs et de vétérinaires. L’enseignement agricole s’appuie sur un réseau dense de 800 lycées publics et privés et de 16 écoles supérieures, répartis sur tout le territoire métropolitain et ultramarin. Cette hausse globale de 1,4 % confirme une attractivité en constante progression depuis 2018, soutenue par la diversité des parcours proposés. La voie scolaire technique, de la 4e au BTS agricole, enregistre une nouvelle hausse de 1,6 % (+2 500 élèves) pour atteindre 158 000 jeunes. Dans le supérieur, on compte plus de 16 500 étudiants, un chiffre stable malgré une légère baisse globale (-1,1 %) due aux difficultés de recrutement des écoles privées, compensée par la progression des écoles vétérinaires (+4,9 %) et des écoles publiques d’ingénieurs (+1,1 %).
Cette dynamique s’accompagne de taux de réussite élevés aux examens de juin 2025 : 95 % pour le CAP agricole, 98 % pour le bac technologique, 97,4 % pour le bac général, 90 % pour le bac professionnel et 79 % pour le BTSA. Le taux d’insertion professionnelle atteint 72 % pour les sortants de l’enseignement technique et 93,5 % pour ceux de l’enseignement supérieur agricole. L’enseignement agricole concentre 14 % des effectifs de la voie professionnelle en France, dont 72 % en formations professionnelles (CAPA, bac pro, BTSA) et 28 % en cursus général ou technologique. À noter que, plus de 20 000 apprenants en situation de handicap y sont aujourd’hui accompagnés.
« Il faut donc transformer l’essai, pour que ces élèves s’installent effectivement à terme »
Pour Aude Geiger, membre du Conseil d’administration de Jeunes Agriculteurs et élue référente du dossier Renouvellement des générations en agriculture (RGA), cette progression traduit avant tout « un regain d’intérêt pour les métiers du vivant », même si elle invite à la prudence : « Dans l’enseignement agricole, il n’y a pas que les activités de production, il existe aussi tous les métiers annexes. Il faut donc transformer l’essai, pour que ces élèves s’installent effectivement à terme », souligne-t-elle. Selon elle, le défi réside dans le lien entre formation et installation : « Il faut davantage promouvoir le fait que le métier d’agriculteur nécessite de multiples connaissances et compétences croisées, d’où l’importance de poursuivre vers des formations plus élevées », explique-t-elle.
Cette vision rejoint les ambitions de la Loi d’orientation agricole (LOA) adoptée en mars 2025, qui fixe pour objectif une hausse de 30 % des effectifs formés d’ici 2030, en lien avec la Feuille de route Souveraineté et Alimentation (FSA). Pour Jeunes Agriculteurs, cette loi doit permettre de consolider la chaîne du renouvellement : formation, accompagnement, et installation.
« Nous accompagnons cette dynamique en travaillant sur la promotion des métiers, notamment avec Demain je serai paysan (DJSP), et en restant des relais de terrain, dans chaque région et département, pour répondre aux besoins des porteurs de projets », détaille Aude Geiger.
« Il faut aussi préparer la transmission des nombreuses fermes qui seront à reprendre dans les prochaines années. » Enfin, JA plaide pour que le renouvellement des générations soit soutenu par une politique européenne ambitieuse. « Il faut saisir l’opportunité ouverte par le commissaire Christophe Hansen pour sanctuariser des aides Pac dédiées à l’installation et à la transmission, à la hauteur des enjeux », insiste-t-elle. Une urgence, quand on sait qu’un agriculteur sur deux partira à la retraite dans les dix ans à venir.