Générations en transition : l’avenir des éleveurs ovins
Au Salon Tech-Ovin, l’ADPAP et le GIE Ovin du Centre-Ouest rappellent l’urgence du renouvellement dans la filière ovine. Formation, financement de la transition écologique et appui génétique sont les leviers mis en avant pour attirer et sécuriser les jeunes installés.

Le renouvellement des générations est devenu une priorité vitale pour la filière ovine. L’Association pour la défense et la promotion des agneaux certifiés Poitou-Charentes (ADPAP) et le GIE Ovin du Centre-Ouest portent ce combat à travers la « Communauté de l’Agneau ». Leur objectif est de soutenir les jeunes éleveurs, renforcer la compétitivité des élevages et assurer la transmission d’un savoir-faire ancré dans les terroirs. « Sans structures comme l’ADPAP et le GIE, l’installation aurait été bien plus compliquée. Elles compensent le manque de soutien politique dont souffre notre filière », confie Corentin Rotureau, jeune éleveur installé dans les Deux-Sèvres.
La formation, socle du renouvellement
Préparer la relève passe d’abord par la transmission des compétences. À Montmorillon, le Certificat de Spécialisation Ovin (CS Ovin) forme chaque année une vingtaine d’étudiants aux gestes techniques de l’élevage, de la reproduction à la commercialisation. La moitié des cours est assurée par des techniciens de coopératives, au plus près des réalités du métier. Un partenariat avec Vivéa, le fonds de formation des actifs agricoles, doit également élargir l’offre en formation continue. Modules de transmission d’exploitation, adaptation au changement climatique ou encore outils numériques figurent parmi les priorités.
« Il y a une bonne dynamique en ovin, contrairement à d’autres filières. Aujourd’hui, on travaille surtout sur l’accompagnement technique, pour que les élevages gagnent en technicité et en résultats : améliorer les taux de mises-bas et de prolificité au moment de l’agnelage, mieux finir les agneaux en bergerie avec des alimentations réfléchies, renforcer l’accompagnement sanitaire… Le gros du travail est là. L’enjeu, c’est de faire comprendre aux éleveurs, et en particulier aux jeunes qui s’installent, que ce suivi technique est indispensable pour produire plus d’agneaux.
À dix ans, les chantiers prioritaires seront du côté de la consommation. Il faut améliorer la promotion de la viande d’agneau, la démocratiser avec des modes de consommation et des découpes différents. C’est un vrai travail en cours. L’autre enjeu, c’est de mettre en avant la viande d’agneau française, car on continue d’en importer beaucoup. L’avenir, ce sera de valoriser toutes les qualités de notre filière ovine, dans sa diversité, qu’il s’agisse de la viande ou du lait. »
Aude Geiger, membre du conseil d’administration Jeunes Agriculteurs, éleveuse bovin-ovin viande à dominante pastorale.
Crédit d’impôt recherche : innover pour durer
Autre levier, plus inattendu : le financement de l’innovation. Grâce au crédit d’impôt recherche, les éleveurs peuvent obtenir une prise en charge de 30 % des investissements liés à l’expérimentation. Quentin Ganne, installé en GAEC familial dans les Deux-Sèvres, en témoigne : « Ce crédit m’a permis de poursuivre mes essais sur le désaisonnement des brebis. Résultat, 80 à 90 % de brebis pleines sans recours systématique aux éponges. C’est un vrai progrès en bien-être animal, et surtout, sans ce soutien, je n’aurais peut-être pas osé expérimenter autant. »
Au dernier Salon International de l’Agriculture, plusieurs jeunes éleveurs ont bénéficié d’un accompagnement concret. « Trois béliers inscrits financés par le GIE et un bon d’achat de 1 000 € chez Alliance Pastorale », rapporte-t-il. Des coups de pouce qui font la différence, comme le raconte Nathan Maupoint, 26 ans, récemment installé dans la Vienne : « Les béliers inscrits, ce sont les clés de la réussite. Investir dans de la génétique de qualité, c’est garantir des agneaux conformes et rentables. Ça motive et ça prouve qu’on croit encore en l’avenir de notre métier. » De son côté, Anthony Fuseau, 39 ans, voit dans ces aides un levier indispensable. « Sans moyens ni équipements, beaucoup n’oseraient pas franchir le pas. Ces soutiens rassurent et encouragent », précise le jeune éleveur.
Un message d’espoir pour la filière
Face aux difficultés de recrutement et à la lourdeur des installations, la filière ovine s’appuie sur des outils concrets et sur une dynamique collective. Le salon Tech-Ovin qui réunit, les 3 et 4 septembre 2025, les acteurs à Bellac (Haute-Vienne), veut être la vitrine de cette mobilisation. « La filière se renouvelle, et de plus en plus de jeunes, notamment des femmes, s’installent. C’est une excellente nouvelle pour l’avenir », souligne Anthony Fuseau, qui enseigne aussi la zootechnie au lycée agricole de Montmorillon.