Politique et société

Le recensement agricole 2020 fait ressurgir le défi du RGA

Malgré une nette diminution du nombre d’exploitations agricoles entre 2010 et 2020, deux nouvelles plus positives ressortent des premiers résultats du recensement agricole 2020 : la part des agriculteurs de moins de 40 ans qui reste stable, et une surface agricole utile française elle aussi relativement stable.   

Le recensement agricole 2020 fait ressurgir le défi du RGA

Les premiers résultats du recensement agricole 2020 ont été dévoilés vendredi 10 décembre par le ministère de l’Agriculture. Effectué tous les 10 ans concomitamment dans chaque pays de l’Union européenne, ce recensement des exploitations agricoles permet d’avoir une vision précise de la situation agricole pays par pays, mais aussi de constater son évolution par rapport à la décennie précédente. Les 27 États membres doivent réaliser ce recensement sur la même période et en utilisant des méthodes similaires, afin d’obtenir des données comparables.

Moins 100 000 exploitations par rapport à 2010

Le premier résultat qui saute aux yeux, à la lecture du rapport relatif au recensement agricole 2020 en France, est la chute vertigineuse du nombre d’exploitations entre 2010 (490 000 exploitations agricoles) et 2020 (389 000). Ainsi, en 10 ans, la France a perdu un peu plus de 100 000 exploitations agricoles. « La raison principale est la pyramide des âges » a rappelé le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie en conférence de presse. C’est un fait, la population agricole vieillit : un quart des exploitants ont aujourd’hui plus de 60 ans, contre 20 % en 2010, alors que « la part des agriculteurs de moins de 40 ans est, elle, restée stable (à 20 %, NDLR) », a souligné le ministre. Cette stabilité, ou plutôt cette « non-diminution » des moins de 40 ans est un soulagement, a indiqué le ministre, lui qui, comme bon nombre, redoutait d’apprendre la diminution de cette population, synonyme de manque d’attractivité du métier. « Aujourd’hui, avec 14 000 installations par an, on peut dire que notre système agricole continue d’être attractif, s’est ainsi réjoui Julien Denormandie, sans pour autant s’en contenter. Mais l’enjeu démographique du renouvellement des générations est tel que nous ne pouvons pas nous satisfaire du maintien de ces installations. » Aussi vise-t-il plus de 20 000 installations par an.

Relative stabilité de la SAU française

Malgré la diminution du nombre d’exploitations agricoles, la surface agricole utile française est restée relativement stable entre 2010 et 2020 (baisse de 1 %). Une nouvelle rassurante, à l’heure où l’artificialisation des sols représente une menace non négligeable pour l’agriculture française. Bien que la taille moyenne des exploitations françaises ait augmenté en une décennie, passant de 55 ha en 2010 à 69 ha en 2020, Julien Denormandie a souligné « un modèle de taille humaine qui se maintient ». « Ce recensement vient confirmer un modèle agricole tourné vers la qualité », a-t-il ajouté. Chiffres à l’appui, il a vivement rejeté l’idée d’une « l’industrialisation galopante de l’agriculture française ».

Parmi les nombreuses données fournies par ce recensement agricole, nous pouvons également noter que 36 % des exploitations sont aujourd’hui sous signe de qualité contre 27 % en 2010, soit une augmentation de près de 10 points, et que près d’un quart des exploitations (23 %) ont recours au circuit court pour commercialiser leurs produits – contre 17 % en 2010. En 10 ans, la part des exploitations en agriculture biologique (AB) a triplé, passant de 4 à 12 %. Les chefs d’exploitation qui cultivent en AB ont tendance à être plus jeunes et plus diplômés que ceux en agriculture conventionnelle. De manière générale, les agriculteurs sont plus diplômés en 2020 qu’en 2010 (55 % ont un diplôme au moins égal au baccalauréat contre 38 % en 2010), ce qui confirme la professionnalisation en cours du métier d’agriculteur.

Enfin, la part des femmes à la tête des exploitations agricoles est quasiment identique en 2020 et en 2010 (27 % vs 28 %). Toutefois « il y a un décalage total entre le pourcentage de cheffes d’exploitations et le pourcentage de femmes dans l’enseignement agricole, ce dernier étant plus élevé », a estimé Julien Denormandie. Aussi, il y a un vrai enjeu à « renforcer la prise en compte des équilibres de vie » afin que plus de femmes s’installent en agriculture dans le futur.