Viticulture : une récolte 2025 à nouveau plombée par la canicule
Les vendanges françaises 2025 confirment une tendance durable liée au changement climatique. Canicule, sécheresse et arrachages successifs ont frappé le Bordelais et le Languedoc-Roussillon, confirmant la vulnérabilité du vignoble face au climat, et les jeunes viticulteurs peinent à garder le cap.

Les vendanges s’achèvent sur un constat amer : la canicule, les fortes précipitations sur certaines appellations et la sécheresse d’août ont frappé de plein fouet le vignoble, notamment dans le Bordelais et le Languedoc-Roussillon. Selon le service de la statistique du ministère de l’Agriculture, la production viticole 2025 atteindrait 36 millions d’hectolitres, soit 16 % de moins que la moyenne des cinq dernières années, un niveau historique. Dans le Bordelais, la filière subit une double peine. La sécheresse, d’une part, et réduction des surfaces cultivées, passées de 103 000 ha en 2023 à 85 000 ha cette année. Cette arrachage massif, principalement motivé par la crise économique et la déconsommation, pèse néanmoins sur les volumes produits. Même scénario en Languedoc-Roussillon, où la canicule suivie du mildiou a limité la production à des niveaux historiquement faibles.
« Cette année, on a pris deux coups de chaud, en juin et surtout en août, qui ont touché presque tout le territoire français », explique Jean-Baptiste Sablairoles, membre du bureau Jeunes Agriculteurs en charge des dossiers viticoles, exploitant viticole dans l’Aude. « On se retrouve avec des raisins plus petits, moins de jus… Sur certains secteurs, la sécheresse a eu l’effet d’une double sanction. » Une situation qui accentue le désarroi d’une génération d’exploitants déjà fragilisée. « Les jeunes viticulteurs vivent une succession d’années difficiles : gel, grêle, sécheresse… Certains ont subi des sinistres cinq années de suite depuis leur installation », souligne-t-il. Résultat, des rendements en chute libre, des vignes qui dépérissent et des projets d’installation menacés. Quelques régions tirent toutefois leur épingle du jeu, comme la Champagne, la Bourgogne et le Val de Loire, qui affichent des volumes en hausse, portés par une météo plus clémente et une bonne gestion sanitaire des vignes.
« Repenser le diagnostic d’installation pour mieux tenir compte de la viabilité »
Pour Jean-Baptiste Sablairoles, le changement climatique impose une remise à plat du modèle viticole, notamment dans l’accompagnement à l’installation. « Il faut repenser le diagnostic d’installation pour mieux évaluer la viabilité climatique et économique des projets », plaide-t-il. « Dans certains territoires, il faut avoir le courage de se demander si la vigne existera encore dans vingt ans. » Sur sa propre exploitation de 30 hectares, l’élu mesure l’ampleur du phénomène : « Depuis cinq ans, je subis des sinistres chaque année. Aujourd’hui, je ne récolte qu’un tiers de ce que produisaient les anciens propriétaires. »
Face à la répétition des aléas, le représentant JA appelle à diversifier les modèles d’exploitation : « Il faut aller vers des cépages plus résistants à la sécheresse, mieux valoriser la qualité, mais aussi oser d’autres cultures ou introduire un peu d’élevage pour ne plus dépendre uniquement de la vigne. » Alors que le ministère dresse un bilan contrasté - hausse en Champagne, Bourgogne et Val de Loire, effondrement dans le Bordelais et le Beaujolais -, la viticulture française se trouve face à un tournant. Entre adaptation climatique et renouvellement des générations, « c’est l’avenir même du vignoble qui se joue », affirme Jean-Baptiste Sablairoles.