Élevages

La fièvre porcine se propage comme une traînée de poudre

La Chine a déjà perdu plus d’un million de porcs à cause de la fièvre porcine africaine (FPA). Les foyers détectés, de plus en plus nombreux en Asie mais aussi en Europe, font craindre le pire. La France, à ce stade, n’est pas touchée.

Élevage de porcs.

Selon l’astrologie chinoise, le monde est entré, le 5 février 2019, dans l’année du Cochon. Un signe paraît-il fructueux, propice aux gains financiers et aux investissements. En ce qui concerne le secteur de l’élevage, les astres et les devins du pays ont sans doute, en ce moment, la tête ailleurs. Apparue à l’été 2018, l’épidémie de fièvre porcine continue de faire des ravages. Sa propagation, généralisée à l’ensemble du territoire chinois, s’est désormais déportée hors de ses frontières : Vietnam, Cambodge, Laos, Thaïlande… Les analystes anticipent même une augmentation du nombre des foyers contaminés dans les prochains mois. Les cours du porc, eux, flambent à l’international.

Le seuil du million de morts dépassée

Près de 129 foyers malades ont été comptabilisés à ce jour par le ministère de l’Agriculture chinois, engendrant la mort, par maladie ou par abattage en prévention, d’1,2 million de porcs. La FAO estimait, début mai, que la progression de l’épidémie pourrait « se révéler plus prononcée que prévu ». La banque coopérative néerlandaise Rabobank, grande observatrice des marchés agricoles internationaux, a même tablé, rien qu’en Chine, sur la disparition de 200 millions de têtes pour 2019.

Des répercussions mondiales

La Chine, premier producteur et consommateur de cette viande, est également importatrice. En 2017, l’Union européenne, son premier fournisseur, lui avait vendu environ 1,3 million de tonnes.

Cette épidémie de PPA met à mal la stratégie nationale menée par la Chine. En effet, depuis quelques années, le pays travaillait à s’affranchir de la dépendance extérieure en développant ses propres structures industrielles d’élevage. Le but ? Remplacer le modèle de production villageois encore très majoritaire.

Ce travail, mené de front par les autorités, affiche un résultat notable : de par les effets de cette restructuration de filière, la FAO avait observé, en 2017, une rétractation du marché international de la viande porcine. La production européenne avait, par conséquent, elle aussi baissé. Une diminution évaluée, entre 2016 et 2017, à 1,5 % de Tec (tonnes équivalent-carcasse) du cheptel et du tonnage - pour la France et l’UE (source Agreste).

Envolée des prix

D’après Simon Leplâtre, journaliste indépendant et collaborateur du quotidien Le Monde, basé en Chine, « la Chine consomme plus que ce que le reste du monde peut exporter ». D’après la société d’études Cyclope, le cours du porc en Chine a augmenté de 18 % au printemps 2019. Et, d’ici la fin d’année, les prix pourraient bondir de 70 %. Les pays exportateurs ont tout lieu de se réjouir de cette situation

Côté producteurs français

En France, la Fédération nationale porcine se dit satisfaite du prix de base à 1,393 € le kilo. Ce dernier pourrait permettre le « retour à l’équilibre dans les comptes des éleveurs ». Avec tout de même un sérieux bémol : « les cours sont en train de monter à des vitesses inégales entre les pays. Les Allemands et les Espagnols caracolent en tête, et nous, on est un peu à la traîne », a fait savoir Guillaume Roué, président de l’interprofession Inaporc. La différence est estimée en moyenne à 20 c€ le kilo. Autre point d’insatisfaction selon les organisations de producteurs, la montée des cours post-contrats de livraison aux industriels abatteurs, et à la grande distribution. Inaporc et la FNP ont demandé à revoir les contrats.