Installation

Future Pac : « les agriculteurs ont besoin de quelque chose de bien fait »

Dans le cadre du débat public national sur la réforme de la Pac, l’eurodéputé et ancien président JA Jérémy Decerle, s’est exprimé à propos des questions d’installation dans la future politique agricole commune.

Portrait de Jérémy Decerle parlant dans un micro.

Le député européen Jérémy Decerle a commencé son allocution en rappelant que si les départs à la retraite des agriculteurs sont préoccupants en France, la situation est pire à l’échelle européenne : plus de la moitié des agriculteurs ont plus de 55 ans et 6 % seulement ont moins de 35 ans. Il n’existe pas, à l’échelle européenne, de dispositif d’accompagnement élaboré comme en France.

« Dans la proposition que la Commission européenne nous a faite en 2018, il y a une volonté d’aller plus loin sur l’installation et la jeunesse. À nous de proposer un panel d’actions concrètes à mettre en oeuvre ».

L’eurodéputé a rappelé que le système français prévoyait un accompagnement financier mais aussi un accompagnement quant à l’identification des compétences, l’élaboration d’un plan financier, la formation continue… « 95% des jeunes qui bénéficient de ce dispositif solide et attractif sont encore en activité cinq ou dix ans après l’installation. Je suis certain qu’il n’y a aucune autre catégorie socio-professionnelle qui peut revendiquer de tels chiffres ».

Conditionner les aides à l’échelle européenne

Première action à intégrer dans la future Pac, selon lui : conditionner les aides. « Certains États membres donnent 20 000 à 30 000 euros à un jeune tel quel, sans l’accompagner. Cela ne peut pas marcher, il faut permettre au jeune de monter en compétences et de s’appuyer sur un plan économique fiable ». L’élu estime aussi que des mécanismes priorisant les jeunes dans l'acquisition de terres agricoles sont nécessaires à l’échelle de l’UE, la pression foncière étant dans certains pays encore plus forte qu’en France. Selon lui, les dispositifs qui aiguilleront la future politique commune doivent venir des acteurs locaux eux-mêmes. 

« Si vous demandez au parlement européen ce qu’il faut faire, les 700 eurodéputés auront un avis sur ce qu’il faut manger, combien de pesticide on peut mettre, comment il faut s’y prendre… Si vous cherchez le nombre de paysans au parlement européen, on doit être une vingtaine… Le grand public peut donner son avis, mais il faut surtout que les agriculteurs s’impliquent dans ce débat public.» 

Ne pas se précipiter

Concernant la date à laquelle le sort des agriculteurs sera enfin décidé, Jérémy Decerle ne s’est pas avancé, préférant un débat de fond qu’une décision prise précipitamment. « Pendant les six premiers mois de mon mandat, on a parlé méthode, dates, budgets, sans penser au fond, et au fait que les agriculteurs souhaitent une Pac plus en phase avec leurs besoins. »  La délégation allemande, qui a de nombreuses responsabilités au sein des institutions européennes, espère une signature du futur projet de Pac pour l’été, tandis que les élus d’autres États membres demandent un délai plus long pour améliorer le projet actuel. « Nous devons améliorer la partie gestion des risques, la structuration des filières, indique Jérémy Decerle. Les agriculteurs n'ont pas besoin de quelque chose de vite fait, ils ont besoin de quelque chose de bien fait. »