Économie

UE : un budget record, mais la PAC en ligne de mire

Bruxelles a dévoilé un budget européen inédit de 2 000 milliards d’euros pour 2028–2034. Une hausse historique qui inquiète pourtant les agriculteurs, alors que la politique agricole commune (PAC) subit une révision de fond.

Un budget annoncé en recul de 20 %.

C’est un « budget ambitieux », le « plus ambitieux jamais proposé », selon Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. Présenté ce mercredi 16 juillet à Bruxelles, le cadre financier européen pour 2028–2034 prévoit 2 000 milliards d’euros, avec des hausses marquées pour la compétitivité (451 Md€) et la défense (100 Md€ pour l’Ukraine).

La PAC cristallise les tensions

Si 300 milliards d’euros sont annoncés pour soutenir les revenus agricoles, cela reste inférieur aux 387 milliards du cycle actuel. La réorganisation interne du budget de la PAC suscite également des inquiétudes. La Commission envisage notamment de revoir le mode de calcul des aides, en introduisant un plafond à 100 000 euros et une dégressivité des paiements. Une mesure portée par Jeunes Agriculteurs, qui affirme néanmoins « rester très vigilant sur la manière dont cela sera mis en œuvre concrètement. »

La mère des batailles : financer le renouvellement des générations

Pour Jeunes Agriculteurs, le véritable enjeu réside dans le financement du renouvellement des générations. Face à la baisse globale du budget PAC, tombé de 387 à 302 milliards d’euros, Jeunes Agriculteurs parlent de « renoncement historique » mettant en danger la souveraineté alimentaire européenne. Ils exigent « qu’au moins 10 % du budget soit dédié à l’installation des jeunes agriculteurs ». Ce seuil dépasse largement les 6 % annoncés par la Commission et les 3 % actuels. Le syndicat en fait une ligne rouge, affirmant : « Nous ne fléchirons pas sur ce point. »

Par ailleurs, JA demande des garanties fortes pour préserver les aides directes, craignant que le financement de la PAC ne soit dilué au profit d’autres politiques comme la cohésion ou l’innovation. Cette crainte est partagée au plus haut niveau. À Bruxelles, le 16 juillet, le Copa-Cogeca a organisé une manifestation en marge des annonces. De son côté, Arnaud Rousseau (FNSEA) a qualifié le budget proposé de « provocation » et prévient : « Personne n’a intérêt à défier les agriculteurs européens… Si ce message n’a pas été entendu, nous reviendrons. »

En France, la contribution nationale à la PAC baissera à 5,7 milliards d’euros en 2026, contre 7,3 milliards initialement prévus. Si cette économie est saluée par certains, elle ne calme pas les inquiétudes des acteurs agricoles, qui voient dans ce budget réduit un frein à la pérennité du secteur.

Un premier pas parmi d’autres

Il faut rappeler que cette proposition reste pour l’heure une première copie de la Commission, très critiquée par la profession agricole. Le texte devra encore traverser un long processus législatif. Un premier débat d’orientation, mené par les ministres des affaires européennes des États membres, est prévu le 18 juillet. Trois autres sessions sont programmées les 23, 25 et 29 juillet. Les experts des ressources propres examineront quant à eux la proposition le 22 juillet. La présidence danoise du Conseil de l’UE espère finaliser un premier document de négociations d’ici au sommet des chefs d’État et de gouvernement des 18 et 19 décembre.