Sur le terrain

Des vaches et des châtaignes

En avril dernier, Benoit Theron, 26 ans, s’est installé sur l’exploitation familiale d’élevage située près d’Aurillac, dans le Cantal, avec une idée bien précise en tête : planter des châtaigniers, dont une partie en agroforesterie.

Des vaches et des châtaignes

L’agroforesterie : un modèle vertueux et rentable

Jeunes châtaigniers

Si 1,5 ha sera planté en verger traditionnel, le reste – soit l’équivalent d’environ 3,5 ha – le sera selon le modèle agroforestier du pré-verger. « C’est-à-dire que les châtaigniers seront plantés au cœur des parcelles de pâturage », explique Benoit. Ainsi, les bêtes pourront bénéficier de l’ombre des arbres en période de grande chaleur, et l’agriculteur verra les rendements de ses parcelles augmenter, grâce à la production de châtaignes. Mais ce n’est pas tout. « Les arbres fixent le carbone, tempèrent les excès du climat, et ramènent de la biodiversité dans les sols et en surface », complète Christian Dupraz, chercheur à l’Inrae et l’un des pionniers de l’agroforesterie en France. Benoit Theron possède d’ailleurs quelques livres du scientifique, dont la lecture lui a permis d’étayer ses connaissances.

Si l’agroforesterie a l'avantage de ne pas être trop technique et compliquée à mettre en œuvre, elle n’est toutefois pas à la portée du premier venu. « C’est un engagement sur le long terme », souligne Benoit. « Planter un arbre, ça prend 10 minutes, mais entretenir un arbre, ça prend toute une vie ! », ajoute Christian Dupraz.

Châtaigniers agroforesterie
Les châtaigniers sont plantés selon le modèle agroforestier du pré-verger, c'est-à-dire en plein cœur des parcelles de pâturage.

Le Bon Diagnostic Carbone

Vache limousine

En début d’année 2021, les Theron – Benoit, son frère Mathieu et leur père Jean-Louis – réaliseront le bilan carbone de leur exploitation grâce à l’outils CAP’2ER développé par les filières d’élevage de ruminants. « C’est clairement le projet d’agroforesterie qui nous a encouragés à nous lancer dans la démarche », explique Benoit. L’objectif : déterminer le point zéro de l’exploitation en termes de stockage de carbone et d’émissions de gaz à effet de serre, pour trouver des leviers d’amélioration. Cette évaluation s’inscrit dans le dispositif « bon diagnostic carbone » (ex-bon bilan carbone) du plan de relance, proposé aux agriculteurs installés depuis moins de 5 ans et financé à 90 % par l’État. Le « bon diagnostic carbone » a vocation à contribuer au déploiement du Label Bas Carbone sur le territoire national.

 « Il faudra compter une grosse journée pour faire le diagnostic de l’exploitation », indique Mathieu Theron. Ce bilan initial servira de base pour établir un plan d’actions avec l’aide d’un conseiller, dans l’objectif de réduire l’empreinte carbone de l’exploitation. L’idée sous-jacente est de valoriser économiquement cette réduction, via la vente de « crédits carbone ». 

Si les projets de réduction d’émissions de gaz à effet de serre et de séquestration carbone sont en général sur cinq ans, avec la réalisation d'un bilan carbone en début et en fin de projet, « on peut déjà recevoir un acompte au bout de deux ans », souligne Mathieu Theron. Et d’ici cinq ans, nul doute que les jeunes châtaigniers, qui auront alors déployé leurs ramages, contribueront de manière non négligeable, via la fixation du carbone, à réduire l’empreinte carbone de l’exploitation ! Christian Dupraz en est convaincu, « l’agroforesterie est l’un des principaux leviers pour réduire l’empreinte carbone d’une exploitation agricole ».

Retrouvez le reportage complet dans le JA Mag 772 de janvier / février 2021 !