Sur le terrain

Transformer les difficultés en forces

Bérénice Walton élève ses Bazadaises au bord de la Dordogne, près de Libourne. Entre inondations l’hiver et sécheresses l’été, l’éleveuse a bien conscience d’être en première ligne face au changement climatique. Elle tente tant bien que mal de s’adapter à ce rude territoire, se faisant le devoir de protéger l’incroyable biodiversité qu’il abrite.

L’art de transformer les difficultés en forces
Jeune taureau de 24 mois.

« Cet hiver, les parcelles ont été vraiment bien inondées, il y a certains endroits où je n’avais encore jamais vu d’eau ! » raconte Bérénice Walton, productrice de bœuf gras qu’elle vend en direct vers l’âge de trois ou quatre ans. L’association de propriétaires dont elle fait partie s’active en permanence pour limiter les dégâts. Surtout entre le printemps et l’automne, car « la zone inondable ne se gère pas l’hiver quand on a des inondations, mais tout le reste de l’année », indique l’éleveuse. Un comité de surveillance a été créé notamment pour surveiller l’érosion des digues. Et quand ce ne sont pas les pluies qui font déborder la Dordogne, c’est la mauvaise gestion des barrages. « Aujourd’hui, on a de gros soucis liés à la gestion des barrages qui n’est pas menée en concordance avec l’aval », rapporte Bérénice qui en a fait un combat syndical.

Ce risque d’inondation lui a aussi valu quelques ennuis supplémentaires, quand elle a voulu construire un bâtiment pour accueillir ses bêtes l’hiver. Initiée en 2017, la demande de permis de construire n’a été approuvée qu’en mars 2020. Après quatre ans de négociations et de discussions avec l’administration, un bâtiment multi-dôme de 1 750 m2 devrait voir le jour d’ici l’automne sur l’exploitation de Bérénice. Un soulagement pour l’éleveuse, dont les animaux ne seront plus éparpillés à droite à gauche pendant l’hiver.

Une biodiversité à protéger

Bazadaise

Malgré la rudesse du territoire, l’éleveuse ne cesse de s’extasier de la biodiversité qui l’entoure – du Héron garde-bœufs au papillon Cuivré des marais qu’elle contribue à protéger avec une association girondine de protection de la nature. Mais Bérénice le sait, cette biodiversité est menacée. Du fait de l’humidité, les joncs, ronces et plantes invasives ont tendance à pousser à tout va, refermant en peu de temps des pans entiers du territoire. Et dans ces terrains broussailleux, la biodiversité est réduite à néant. En tant qu’éleveuse, Bérénice met un point d’honneur à entretenir le paysage. « Mine de rien, dans cette zone humide, on a de la biodiversité grâce aux prairies » estime-t-elle. Seule éleveuse à la ronde, car sur ce territoire la viticulture est reine, sa responsabilité est d’autant plus importante.  

Finalement, l’éleveuse estime avoir « de la chance d’être dans une zone où on ne peut pas faire autrement que protéger l’environnement ».

Troupeau de bazadaises

Oser expérimenter

Pâturage tournant dynamique

Si Bérénice avait un seul conseil à donner, ce serait d’oser expérimenter. L’éleveuse applique à la lettre cette philosophie. En 2017, elle a mis en place sur son exploitation le pâturage tournant dynamique ainsi que l’aromathérapie – c’est-à-dire l’utilisation d’huiles essentielles pour prévenir ou combattre les maladies. Elle n’hésite pas non plus à faire évoluer certaines pratiques « apprises à l’école » alors « qu’on [lui] avait toujours dit qu’il fallait faire comme ça ». « À un moment donné, il faut tenter », affirme la jeune femme de 30 ans qui encourage chacun à « expérimenter un peu sur le terrain ».  Malgré une assurance apparente, elle avoue tout de même être « dans le doute permanent ». « Quand je dépose une bête à l’abattoir, je suis en stress jusqu’à ce qu’on la découpe ! » confie-t-elle avec un sourire. Heureusement, cela ne l’a jamais empêchée d’aller de l’avant en innovant. 

Bérénice

Pour en savoir plus sur Bérénice Walton, rendez-vous dans le prochain numéro du JA MAG Juillet-Août à la page Portrait !