Sur le terrain

En Dordogne, Adeel vit de sa passion pour l’élevage

Ouvrier agricole à 19 ans, Adeel est responsable du troupeau laitier d’Yvan et d’Hannah, producteurs de lait et de fromages bio en Dordogne. Ils n’ont pas hésité à embaucher ce fils d’éleveur pakistanais, une fois son CAP en poche. 

Adeel dans la salle de traite. Le lait sera porté dans la fromagerie
Adeel dans la fromagerie

Fils d’un éleveur de bufflonnes et de vaches laitières au Cachemire à Hafizabad, Adeel Zafar est arrivé en France sans avoir un instant imaginé qu’il pourrait de nouveau vivre de sa passion pour l’élevage, transmise par son père. Ouvrier agricole à Miallet en Dordogne, Adeel n’exclut même plus la possibilité de s’installer dans quelques années en Nouvelle Aquitaine.

En France, son expérience professionnelle acquise dans la ferme de ses parents a été très appréciée par Hannah Williams et Yvan Dugas lorsqu’ils ont fait la connaissance d’Adeel.

« Dès qu’il s’est lancé, j’ai compris qu’il avait les réflexes d’un vacher! Il a tout de suite été à l’aise pour ramener le troupeau vers la salle de traite », se souvient Yvan.

En fait, les pratiques d’élevage en vigueur dans la ferme des parents d’Adeel n’étaient pas très éloignées de celles adoptées par ses employeurs dans l’exploitation laitière bio qu’ils conduisent.

À peine arrivé, déjà à l'aise sur l'exploitation

Hannah et Yvan élèvent une quinzaine de vaches laitières sur 25 hectares où ils transforment le lait bio en fromages et en desserts lactés. Responsable du troupeau laitier de ses employeurs, Adeel travaille quatre jours par semaine sur leur exploitation. Il organise lui-même les tâches qu’Yvan lui confie.

En embauchant à 15 heures les jours travaillés, Adeel paille l’étable, affourage les animaux, trait les vaches puis il nettoie la salle de traite. Et quand il ne s’occupe pas des vaches, il répare des clôtures, nourrit les porcs ou bien donne un coup de main dans la fromagerie.

Adeel a su très vite se rendre indispensable. Ses employeurs lui confient la ferme lorsqu’ils font tous les deux les marchés ou livrent des restaurants et des cantines scolaires. Et surtout, ils apprécient de pouvoir se libérer quatre soirées par semaine pour se consacrer à d’autres activités sur l’exploitation.

Les stages du CAP effectués sur l'exploitation

Avant d’avoir été employé en septembre dernier (20 h par semaine), Adeel avait déjà fait l’ensemble de son apprentissage chez Yvan et Hannah durant sa formation au CFPPA de Périgueux. Il y a brillamment obtenu son CAP d’ouvrier agricole. Il parle couramment le français et écrit très bien. Dans un proche avenir, il n’est pas exclu qu’il reprenne ses études en alternance pour obtenir un bac professionnel. Adeel aura ainsi la possibilité de s’installer ou de s’associer avec un autre producteur. 

Mais pour l’instant, ses priorités sont ailleurs. Adeel doit travailler pour subvenir à une partie des  besoins de sa famille. Elle est livrée à elle-même depuis qu’il a fui en 2017 le Cachemire pakistanais où sa vie était menacée. Adeel n’avait alors que 15 ans.

Arrivé quelques mois plus tard en France aux termes d’un long périple de plusieurs milliers de kilomètres, Adeel a été pris en charge par l’Institut éducatif mixte Paul-Wilhelm à Saint Jory Chalais, situé à quelques kilomètres de la ferme d’Yvan et d’Hannah.

Le choix de créer un emploi

En s’installant, Yvan n’avait pas envisagé l’embauche d’un salarié, même à temps partiel. Mais il n’a pas hésité à saisir l’opportunité lorsqu’un éducateur de l’institut lui a présenté Adeel pour l’embaucher comme apprenti. Yvan sait que sa ferme est peu attractive pour les jeunes apprentis agricoles français. mais pour Adeel, c’était le graal !

Pourtant les démarches administratives entreprises étaient compliquées pour l'avoir sur l’exploitation. Et pour le garder, Yvan se démène pour lui trouver un travail complémentaire chez un autre agriculteur par exemple.

Mais rien n’aurait été possible si Hannah et Yvan ne valorisaient pas leurs 40 000 l de lait produits et transformés à plus de 2 € le litre et la viande de porc vendue, en caissettes, plus de 12 € le kilogramme. La valeur ajoutée de leurs productions leur a permis de créer un emploi.