Politique et société

Emmanuel Macron inaugure le SIA 2023

Attendu des agriculteurs autant que du grand public, le Salon international de l’Agriculture a ouvert ses portes samedi 25 février, Porte de Versailles, à Paris, pour neuf jours de réjouissances.

Emmanuel Macron inaugure le SIA 2023

La traditionnelle déambulation présidentielle, entravée deux années de suite, d’abord par le Covid puis par la Guerre en Ukraine, peut enfin reprendre cette année, et Emmanuel Macron compte bien en profiter. Rendu sur place aux aurores, pour un petit-déjeuner à base d’huîtres bretonnes avec la filière pêche, il a ensuite échangé à huis clos avec les organisations professionnelles agricoles, avant d’inaugurer officiellement le Salon de l’Agriculture 2023 aux alentours de 9h30.

C’est Ovalie, la vache Salers égérie de cette édition 2023, qui a accueilli le président dans le pavillon 1, accompagnée de ses deux génisses nées le 4 janvier et de ses éleveurs auvergnats, Marine et Michel Van Simmertier. Ceux-ci ont notamment interpellé Emmanuel Macron sur la hausse des charges et sur le Mercosur. « Sur le Mercosur, j’ai tenu une position de fermeté et je vais continuer à la tenir », a rassuré le président. « Mais aujourd’hui, 70 % de la viande servie dans nos restaurants n’est pas française. On sert de la viande européenne, et ça, ce n’est pas lié au Mercosur » a-t-il poursuivi.

Emmanuel Macron discute avec un éleveur au SIA 2023.
Emmanuel Macron discute avec un éleveur au SIA 2023.

Que la déambulation commence

Après une courte dégustation de viande Salers, le président a commencé sa déambulation, la foule se massant pour l’interpeller ou simplement l’apercevoir. Questionné sur tous les sujets à la fois, apostrophé sur celui, brûlant, de la réforme des retraites, et chahuté à plusieurs reprises sur l’urgence climatique, Emmanuel Macron a tenté de formuler des réponses courtes pour satisfaire le plus de monde possible. Il s’est toutefois arrêté plus longuement aux stands France Terre de Lait, Interbev ou encore Inaporc pour des échanges tenus à huis clos.

En passant plus de six heures dans le pavillon 1 dédié à l’élevage, Emmanuel Macron a voulu manifester son soutien aux éleveurs. Fabian, 19 ans, est en première année de BPREA au lycée des 3 Chênes à Le Quesnoy, dans le Nord. Il participe au Salon pour la première fois, et représente avec sa classe la race Bleue du Nord à travers Mika, la vache du lycée. Comme beaucoup aujourd’hui, il a eu l’occasion de serrer la main du président. « C’était impressionnant, car c’est quand même le chef de l’État et il joue un rôle important pour la France, après c’est une personne comme une autre », exprime-t-il sobrement. Non issu du milieu agricole, sa passion pour l’agriculture tient à un fil. Un heureux hasard, ou plutôt d’une heureuse rencontre. « Quand j’étais plus jeune, je me suis fait un copain dans le Gard en partant en vacances avec mes parents. On allait souvent l’un chez l’autre. En troisième, je ne savais pas quoi faire, et quand je suis allé voir cet ami, son père m’a dit qu’il avait un cousin agriculteur et qu’on pouvait aller le voir si je le voulais. On y est allé, et dans la salle de traite, j’ai eu un déclic ! En rentrant chez mes parents, je leur ai dit que je voulais être agriculteur. Ils étaient étonnés, mais le principal pour eux est que je sois heureux. »

Tout le monde n’a pas la chance, comme Fabian, de rencontrer les bonnes personnes, et il est très probable que certains passent à côté d’une belle histoire avec le monde agricole uniquement par manque d’information. « L’un des grands axes de ce salon va être la promotion du métier d’agriculteur pour faire connaître ce métier noble et passionnant », déclare en ce sens le président du syndicat Jeunes Agriculteurs (JA), Arnaud Gaillot.

Le PLOA, priorité du syndicat Jeunes Agriculteurs

Si Emmanuel Macron ne poussera pas sa déambulation jusqu’au hall 4 et au stand JA, le syndicat attend tout de même de nombreuses personnalités politiques tout au long de ce salon. « Même s’il n’y a pas de contexte électoral cette année, beaucoup de délégations politiques et de commissions d’Assemblée nationale doivent passer », souligne Arnaud Gaillot qui souhaite en profiter pour défendre les idées du syndicat concernant le PLOA (pacte et loi d’orientation et d’avenir agricoles). « On sait tous que la ferme France de demain ne sera pas la même que celle d'aujourd’hui, et l’idée est d’avoir des trajectoires avec des ambitions et des moyens clairs pour donner de la visibilité aux jeunes qui s’installent », estime-t-il. S’il est plutôt serein sur l’avancement de l’axe numéro 2 du PLOA dédié à l’installation et à la transmission, il partage son inquiétude concernant l’axe 3 consacré à la transition et l’adaptation face au climat. « Entre le “tous en bio” et le “ressortons les molécules qu’on a interdites il y a 10 ans”, il y a un milieu, et quand on est dans ce milieu c’est parfois difficile de se faire entendre », estime Arnaud Gaillot qui appelle à une vraie « planification environnementale » alors que « ça fait 20 ans qu’on repousse le sujet ». Concernant le plan de sobriété sur l’eau annoncé par Emmanuel Macron dans la même veine que celui sur l’énergie, Arnaud Gaillot se dit satisfait. « Il va concerner tout le monde et pas seulement l’agriculture, et je suis persuadé que c’est le bon angle », déclare-t-il.