Politique et société

L’agriculture vue par les jeunes des quartiers populaires 

Et si l’une des solutions pour répondre au défi du renouvellement des générations en agriculture (RGA) était d’attirer des jeunes issus des quartiers populaires ? Le monde agricole, naturellement situé en dehors des villes, n’a que trop peu d’occasions de côtoyer ces jeunes, coincés très souvent entre le bitume et les barres d’immeuble.

L’agriculture vue par les jeunes des quartiers populaires 

Comment rapprocher les jeunes issus des banlieues, des quartiers parfois difficiles, avec le monde agricole ? Comment faire pour que la panoplie des métiers offerts par ce secteur puisse leur être présentée ? Pour répondre au défi du renouvellement des générations, cette question mérite d’être posée et des solutions sont à trouver.

« Beaucoup de gens pensent encore que pour être agriculteur il faut avoir soi-même des parents agriculteurs. Or, la plupart des gens qui s’installent aujourd’hui ne sont pas issus du milieu agricole, pas en “ligne directe” tout du moins. Il faut que l’on montre les métiers agricoles, qu’on arrive à convaincre ces jeunes aussi, car on a besoin de bras et de cerveaux. Derrière l’agriculture, il y a des centaines de métiers proposés », a déclaré Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture, lors d’un conférence organisée au salon de l’agriculture, mardi 28 février.

Obésité, prix de l’alimentation, enseignement agricole…

Des dizaines de jeunes issus des quartiers populaires ont assisté à la conférence et ont pu poser directement leurs questions. Certaines étaient adressées au ministre, d’autres à des jeunes d’un lycée agricole ou encore à des agriculteurs présents, venus exprès pour parler de leur métier. Précarité alimentaire, inflation, problème d’obésité, éducation à l’alimentation, études délivrées dans l’enseignement agricole, réchauffement climatique ou encore place de la femme ont été autant de sujets soulevés par les jeunes.

Nelvie, 25 ans, étudiante en master 2 gestion de projet et originaire de Cergy (département du Val-d’Oise)

« J’ai découvert qu’il existe plein de métiers dans ce secteur », Nelvie, 25 ans, étudiante en master 2 gestion de projet et originaire de Cergy (département du Val-d’Oise)

« L’agriculture est un milieu qui m’a toujours intéressée. J’ai découvert qu’il existe plein de métiers dans ce secteur. Il n’y a pas que la terre, il y a aussi de la technologie, de l’innovation », explique ainsi Nelvie, 25 ans, étudiante en master 2 gestion de projet, habitante de Cergy dans le Val-d’Oise, et qui envisage sérieusement de devenir un jour agricultrice.

Mamadou, 24 ans, étudiant en 1ère de BTS communication et habitant à Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne)

« J’aimerais bien faire des campagnes publicitaires pour l’agriculture », Mamadou, 24 ans, étudiant en première année de BTS communication et originaire de Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne)

« J’ai découvert qu’il y avait une pluralité de filières dans le secteur agricole. Cette conférence m’a donné envie d’en apprendre plus. J’aimerais bien faire des campagnes publicitaires pour l’agriculture », partage Mamadou, 24 ans, habitant de Villiers-sur-Marne. « Pendant ma scolarité, on ne nous a jamais délivré ces informations. Ça aurait été bien de les avoir, car moi je viens de Villiers-sur-Marne, je ne connais que le quartier. »

Valérie Leguereau, éleveuse dans le Loir-et-Cher

« Il faut que l’on arrive à démystifier l’agriculture en allant à la rencontre de ces jeunes », Valérie Leguereau, éleveuse dans le Loir-et-Cher

« Que ce soit auprès des jeunes des quartiers populaires ou des jeunes qui habitent dans des toutes petites communes, il est important de parler de notre métier. Il faut que l’on arrive à démystifier l’agriculture en allant à la rencontre de ces jeunes, et leur montrer que ce secteur leur est accessible », estime Valérie Leguereau, éleveuse dans le Loir-et-Cher. Certains jeunes présents l'ont questionnée sur la difficulté ou non d’être une femme pour travailler dans ce milieu. « La question est légitime. Beaucoup s’imaginent que ce n’est qu’un métier de force, or ce n’est pas que ça. On travaille avec beaucoup de technologies. C’est à nous d’expliquer qu'en tant que femme on y arrive très bien aussi », complète l'éleveuse.