Grandes cultures

Coronavirus : des répercussions en grandes cultures

Si les céréales ne sont pas trop impactées par la crise du Covid-19, les répercussions seront beaucoup plus fortes sur les betteraves, les pommes de terre et le lin à fibre.  

Betteraves travaillées en sucrerie

En raison de la fermeture depuis le 16 mars des restaurants et cantines des collectivités, la consommation de frites surgelées et autres pommes de terre transformées a fortement chuté. Or l’industrie de la pomme de terre absorbe habituellement 3 millions de tonnes de tubercules.

Les frigos des industriels sont pleins

 « Tous les industriels annoncent des retards d’enlèvements des pommes de terre en stock dans les exploitations agricoles, alerte l’Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT). Les frigos des usines sont pleins ».  Conséquences pour la campagne 2020-2021, les industriels ont déjà supprimé les contrats de variétés précoces. Mais pour l’UNPT, cette décision ne suffit pas. « Une projection basée sur les surfaces de 2019 et un rendement moyen déboucherait sur une surproduction, prévient le syndicat. Ainsi, il conseille aux agriculteurs de revoir à la baisse leurs surfaces, et de veiller à ne produire que la quantité et la qualité de pommes de terre destinées à un débouché bien identifié.   

La dégringolade des cours du sucre

La filière betterave-sucre va également souffrir de la crise du Covid-19. « Les cours du sucre étaient déprimés depuis les années 2017-2018, mais une remontée était à l’œuvre et le cours du sucre avait atteint 450 $/t le 12 février, explique Timothé Masson, responsable des affaires internationales à la CGB, Confédération générale des producteurs de betteraves. Depuis, on a assisté à une vraie dégringolade ». Les cours de l’éthanol, également fabriqué à partir de betteraves, se sont eux aussi effondrés, dans la foulée de ceux du pétrole qui ont reculé de 60 % depuis le début de l’année. Afin de limiter les effets de la chute des cours pour les producteurs, la CGB a demandé à la Commission européenne d’activer des clauses de sauvegarde, avec la mise en place d’un minimum de droits de douane sur les importations prévues dans les accords de libre-échange, voire leur suspension.

Limiter les surfaces de lin textile

La production de lin à fibre risque aussi d’être fortement perturbée en 2020. « Les 22 entreprises de teillage français ont suspendu leur activité entre le 17 et le 20 mars, indique Cipalin, l’interprofession française du lin. L'économie du lin est mondialisée, et les filateurs situés en Chine, Inde, Pologne, Lituanie et Italie, principaux clients des teilleurs, sont en grande difficulté. Et avec près de la moitié de la population mondiale en confinement, les ventes de vêtements en lin sont en chute drastique ». Alors qu’en France, une nouvelle hausse de plus de 15 % des surfaces de lin était pressentie cette année, l’AGPL, Association générale des producteurs de lin, incite les agriculteurs à réduire leurs surfaces. « Comme la période de semis bat son plein, seuls quelques ajustements peuvent encore être réalisés, constate le syndicat. Les liniculteurs peuvent semer leurs fourrières avec un autre couvert végétal, et celles-ci pourraient être classées en SIE (surfaces d’intérêt écologique) ».