Sur le terrain

Sandrine Durgeau, une Indiana Jones devenue éleveuse

Sandrine Durgeau confectionne des vêtements avec la laine de ses chèvres Angora et moutons Shetland. Son activité tisse des créations chatoyantes et, au-delà, des liens entre les Hommes et les territoires. Si elle a troqué son chapeau et sa torche d’archéologue pour des pelotes et un rouet, sa passion pour l’exploration demeure intacte, fruit d’une curiosité à toute épreuve.

Sandrine Durgeau et ses chèvres.

D’un enthousiasme communicatif, Sandrine Durgeau partage sans compter sa passion pour son métier d’éleveuse qu’elle exerce à Atraps, petite commune logée au confluent du Loiret, de l’Essonne et d’Eure-et-Loir. Dans un débit soutenu, elle raconte les mille et une vies qu’elle a eues avant de se lancer dans l’aventure agricole. « J’ai travaillé en tant qu’archéologue en Île-de-France pendant plusieurs années. J’ai également exercé dans le domaine de la communication, dans le marketing culturel… », énumère la jeune femme, originaire de la ville d’Hyères dans l’Essonne. Rien ne la prédestinait à s’installer en agriculture. « Je n’étais pas complètement étrangère au monde agricole ayant eu moi-même des grands parents agriculteurs, mais je le côtoyais sans vraiment le connaître », admet-elle.

« Je veux comprendre le contexte, sans lui on ne sait pas qui l’on est et où l’on va »

Un événement majeur précipitera le cours des choses : sa rencontre en 2017 avec Marc, agriculteur, qui deviendra par la suite son mari. Lui s’est installé en 2005 sur la ferme familiale qui compte 250 hectares en grandes cultures. À ses côtés, Sandrine observe et découvre d’un peu plus près les réalités du secteur. Son regard sur l’agriculture va peu à peu se transformer. « En voyant travailler Marc, ça m’a fait ouvrir les yeux sur la schizophrénie qui pouvait y avoir parfois. Certaines décisions prises dans je ne sais quel bureau sont déconnectées du champ. C’est d’ailleurs, l’une des principales raisons de mon installation : mieux comprendre le fonctionnement de l’agriculture. »

Sa formation d’historienne et d’archéologue lui a forgé le goût de comprendre les choses dans leur globalité et de refuser tout jugement hâtif. « Je veux comprendre le contexte, sans lui on ne sait pas qui l’on est et où l’on va » assure-t-elle.  

Un projet du passé conjugué au présent

Avant de se lancer dans l’élevage, Sandrine avait réfléchi à d’autres pistes comme le maraîchage ou la culture de plantes médicinales. L’idée d’avoir son propre projet agricole lui trottait dans la tête depuis un moment. Pour y voir un peu plus clair, elle consulte « papy », le père de Marc qui, comble de l’histoire, avait eu lui aussi l’idée de créer un atelier de chèvres Angora dans les années 80. « Il aurait été l’un des pionniers, car à l’époque, ils n’étaient que quatre éleveurs à l’avoir fait en France », raconte Sandrine qui se plaît à rappeler qu’avant la Seconde Guerre mondiale, la polyculture élevage était omniprésente en Beauce.

Après avoir obtenu un BPREA, elle s’installe officiellement en septembre 2019 avec 22 chèvres angora. Un nombre tout sauf hasardeux. « Il en fallait 22 pour être déclaré agriculteur auprès de la MSA », précise-t-elle. En mai 2020, 12 moutons Shetland ont ensuite rejoint la cavalerie.

D’un commun accord avec Marc, elle installe son élevage sur 2,5 hectares de terres qu’elle lui loue. L’éleveuse se dit d’ailleurs parfaitement consciente que sans l’exploitation de son mari, son activité ne pourrait subsister. « Mon exploitation est une vitrine d’une agriculture plus accessible, plus à l’image de ce que le grand public voudrait, mais en termes de rentabilité c’est clairement la sienne qui nous fait vivre ».

Un projet du passé conjugué au présent

Moutons Shetland.

Avant de se lancer dans l’élevage, Sandrine avait réfléchi à d’autres pistes comme le maraîchage ou la culture de plantes médicinales. L’idée d’avoir son propre projet agricole lui trottait dans la tête depuis un moment. Pour y voir un peu plus clair, elle consulte « papy », le père de Marc qui, comble de l’histoire, avait eu lui aussi l’idée de créer un atelier de chèvres Angora dans les années 80. « Il aurait été l’un des pionniers, car à l’époque, ils n’étaient que quatre éleveurs à l’avoir fait en France », raconte Sandrine qui se plaît à rappeler qu’avant la Seconde Guerre mondiale, la polyculture élevage était omniprésente en Beauce.

Après avoir obtenu un BPREA, elle s’installe officiellement en septembre 2019 avec 22 chèvres angora. Un nombre tout sauf hasardeux. « Il en fallait 22 pour être déclaré agriculteur auprès de la MSA », précise-t-elle. En mai 2020, 12 moutons Shetland ont ensuite rejoint la cavalerie.

D’un commun accord avec Marc, elle installe son élevage sur 2,5 hectares de terres qu’elle lui loue. L’éleveuse se dit d’ailleurs parfaitement consciente que sans l’exploitation de son mari, son activité ne pourrait subsister. « Mon exploitation est une vitrine d’une agriculture plus accessible, plus à l’image de ce que le grand public voudrait, mais en termes de rentabilité c’est clairement la sienne qui nous fait vivre ».

Une éleveuse qui fait du non alimentaire

Sandrine Durgeau et un mouton.

Elle le revendique avec fierté. Oui, Sandrine « est éleveuse », et ce, même si ses produits ne sont pas destinés à l’alimentation. Avouant sans mal avoir été habitée par le syndrome de l’usurpateur, elle aimerait que soient davantage reconnus les éleveurs qui produisent du non alimentaire. Elle milite ainsi pour que la laine soit valorisée comme un vrai produit agricole. « La laine a le statut de sous-produit agricole. De ce fait, les bénéfices issus des ventes ne sont pas perçus comme du revenu agricole. La TVA qui s’applique est par conséquent bien moins avantageuse. Pourtant vis-à-vis de la MSA, j’ai le statut d’éleveur et les cotisations qui vont avec. »

L’amour du territoire, son fil conducteur

Du fil à la laine.

En écoutant Sandrine raconter son histoire, il en ressort de toute évidence un amour inconditionnel pour le territoire, et à travers lui, une envie de le faire vivre. Tout chez elle infuse ce besoin prononcé de cerner l’histoire d’un lieu, de le relier à un contexte et de rattacher le tout aux habitants qui le peuplent. Si aujourd’hui, Sandrine n’exerce plus son métier d’archéologue, elle conserve intact le plaisir d’explorer.

Dans le but justement de renouer les fils parfois perdus ou cassés entre des mondes qui ne se comprennent ou parlent plus, elle organise deux à trois fois par mois des visites sur sa ferme incluant des ateliers thématiques comme faire découvrir la teinture sur laine. « Ces visites me permettent de toucher un public plutôt urbain qui certes a pas mal d’idées préconçues, mais qui fait la démarche de venir et qui montre de l’intérêt. Sur plein d’aspects, je retrouve chez eux la « Sandrine » que j’ai pu être lorsque je vivais en ville », développe la jeune entrepreneuse aux mille casquettes, plutôt pratique lorsque l’on vit comme elle à mille à l’heure.

Car entre le suivi des animaux, la gestion des visites à la ferme, le travail de filage qu’elle pratique à l’ancienne à l’aide d’un rouet, la vente des produits confectionnés dans sa boutique localisée au sein même de l’exploitation, et la production de savons à base de lait de chèvre angora (sa dernière idée), le calendrier de Sandrine n’offre que de rares moments de répit.

Avec un chapeau, une torche, une pelote ou un rouet, en quittant Sandrine on se dit que le plus important n’est pas tant le choix de l’outil que de rester en mouvement, animé par l’insatiable envie de suivre le fil de sa propre pelote de vie.