Sur le terrain

Élodie Guillotel, une agricultrice engagée sur tous les fronts

Dans le Morbihan, la jeune éleveuse de 26 ans mène une vie à cent à l’heure. Entre son élevage, son engagement syndical et sa passion pour le sport, Élodie ne s’arrête jamais.

Élodie Guillotel élève des lapins avec ses parents dans le Morbihan.

Comme ses parents, Élodie a décidé de suivre le sillon agricole. « J'ai fait un BTS production animale suivi d’une licence ». Si c’est au milieu des lapins de l’exploitation familiale que la jeune bretonne a grandi, c’est vers un tout autre animal emblématique de la Bretagne qu’elle a choisi de se tourner lorsqu’elle était étudiante.

« Je me suis orientée dans la production porcine. » Lapin et porc, deux productions qui semblent a priori bien éloignées, et pourtant. « La production porcine est assez proche de celle du lapin, notamment avec la conduite en bande*. J’ai particulièrement apprécié le volet reproduction, que l’on retrouve dans l’élevage de lapins. Ce sont des productions très techniques et, étant passionnée de zootechnie**, je m’y suis épanouie ».

Élodie a réalisé ses études à la Roche-sur-Yon, loin de la ferme familiale. Mais, elle est revenue dans son département natal à la fin de son parcours pour vivre sa première expérience professionnelle. « Pendant deux ans, j’ai travaillé comme technicienne dans la filière porcine pour une grande entreprise française d’alimentation animale. J’aidais en parallèle ma famille sur l’exploitation les week-ends et quand j’avais un peu de temps », se remémore la jeune femme. Après cette période, l’éleveuse décide de s’installer dans l’exploitation familiale avec un projet bien précis en tête.

Production cunicole et projection d’un atelier porcin

Élodie Guillotel sur son exploitation à coté de Ploërmel (56).

En mai 2022, elle s’installe en s'associant avec sa mère pour reprendre un bâtiment d’élevage de lapins et gérer une équipe de salariés. Mais le projet qui lui tient vraiment à cœur mûrit un an plus tôt. « C’était à l’occasion de vacances au ski. J’ai beaucoup réfléchi et quand je suis revenue sur l’exploitation, j’avais l’idée d’un projet autour des porcs. Je suis partie du postulat qu’il fallait optimiser la main-d’œuvre, car mes parents ne seront pas toujours là pour m’aider. L’idée était de réduire la production de lapins, ce qui libérerait de l’espace dans les bâtiments. Je ne voulais pas qu’ils restent inutilisés et je souhaitais m’orienter vers une production moins exigeante en main-d’œuvre. ».

La jeune agricultrice réfléchit alors à la meilleure solution pour répondre à ses attentes. « Nous sommes partis sur un atelier porcin de sevrage et d’engraissement où nous ferons également de l’expérimentation pour tester des aliments ». Ce projet devrait voir le jour cette année, il viendra s’ajouter à un projet photovoltaïque.

En plus de son activité d'éleveuse, Élodie pratique l'athlétisme en compétition.

« Je suis bien dans mon travail parce que je peux faire autre chose à côté »

En plus de son installation et de ses nombreux projets sur l’exploitation, Élodie est également une athlète chevronnée. Durant son temps libre, elle s’adonne à l’athlétisme, une discipline qu’elle pratique en compétition. Élodie s’entraîne entre six et neuf fois par semaine ! Ce qui l’oblige à respecter un agenda réglé au millimètre.

Que ce soit sur la piste ou sur la ferme, elle ne laisse rien au hasard et met tout en œuvre pour atteindre ses objectifs. Pour tenir un tel rythme, Élodie a dû réorganiser son quotidien. « J’ai pensé mon installation autour de mon activité sportive. C’était important pour moi de pouvoir continuer mon entrainement tout en étant sur l’exploitation. L'équipe de salariés m'a permis de trouver un bon compromis. Finalement, ce système permet à tout le monde de se dégager du temps mes parents, les salariés et moi. »

La jeune agricultrice parvient aujourd’hui à concilier ses deux passions, même si elle le reconnaît volontiers : « Cette situation est aussi rendue possible grâce à mon entourage. » Élodie a su trouver un équilibre entre son métier d’éleveuse qu’elle affectionne et sa passion pour la course et la compétition. « Je suis bien dans mon travail aujourd’hui parce que je peux faire autre chose à côté », confie-t-elle.

Une JA impliquée

En plus de l’élevage et du sport, Élodie est aussi une agricultrice engagée. Elle est investie depuis deux ans à Jeunes Agriculteurs dans son département du Morbihan.

« J’ai découvert le syndicat en participant un jour à un conseil d’administration. Petit à petit, j’ai réalisé que le sujet de l’installation m’intéressait beaucoup. Grâce au syndicat, j’écoute et apprends énormément. En participant aux événements nationaux, j’ai compris l’importance des enjeux politiques qui influencent notre secteur. » La jeune agricultrice est actuellement inscrite sur la liste JA/FNSEA pour les élections chambre d’agriculture.

Mais l’engagement d’Élodie ne se limite pas à la sphère syndicale. « Pendant mes études, j’étais déjà impliquée dans la défense des droits des femmes ». Et justement, qu’en est-il en agriculture ? « Je crois qu’il faut encore se battre, même s’il faut reconnaître qu'on en parle plus aujourd'hui. Il est important, que les femmes soient reconnues comme des cheffes d’exploitation à part entière. »

Cette vision, elle la porte avec conviction dans toutes ses démarches. Et lorsqu’on lui demande quel conseil elle donnerait à un jeune qui aimerait s’installer, Élodie répond du tac au tac : « Il faut s’ouvrir sur le monde mais aussi aux autres surtout être convaincu qu’en agriculture, on peut aussi gagner sa vie et avoir du temps pour soi ! »

 

*La conduite en bande est une méthode d'élevage qui consiste à remplir en une seule fois un bâtiment d'élevage avec des animaux de même âge, de même poids et de même stade physiologique.
** Étude scientifique de l'élevage des animaux, de leur reproduction et de leur adaptation à des besoins déterminés.