Politique et société

« Les distributeurs ont oublié le prix des denrées alimentaires »

Alors que les négociations commerciales en aval (entre distributeurs et industriels) doivent s’achever d’ici le 28 février, Guillaume Cabot, vice-président à JA Nat’, en charge des questions économiques, apporte son expertise.

Portrait de Guillaume Cabot.

JA Mag : Où en est-on des négociations commerciales, à moins d’une semaine de l’échéance ?

Guillaume Cabot : il y a des choses qui avancent, qui sont en passe d’être conclues. Là où il faudra être vigilant, et ça le ministre Julien Denormandie l’a bien dit, c’est qu’il y a des enseignes qui ont des pratiques commerciales déloyales, destructrices de la chaîne de valeur agroalimentaire. Côté agriculteurs, on va poursuivre la mobilisation jusqu’à la fin des négociations commerciales, pour qu’il n’y ait pas de déflation de la production agricole. On demande à pouvoir appliquer les indicateurs de coûts de production.

Les contrôles ont été renforcés et un e-mail a été mis en place pour signaler les origines et productions illégales. Qu’est-ce qu'il reste à faire ?

Que les sanctions soient appliquées et que la DGCCRF (Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes) aille sur le terrain dès qu’une anomalie est signalée. Depuis des mois, JA effectue des relevés de tarifs, des contrôles d'origine en magasin. Cela nous permet à nous, élus au niveau national, de remonter au ministère les points divergents. Récemment, Intermarché a été assigné devant le Tribunal de Commerce pour une sanction de 150,75 millions d’euros. Cet exemple doit permettre aux autres enseignes de la grande distribution de tirer des leçons.

Que reste-t-il de la solidarité mise en place il y a un an par la distribution, à l'égard des agriculteurs ?

Suite au premier confinement, on a constaté une levée des freins logistiques qui a permis de ne pas avoir de rupture de chaîne d’approvisionnement. Je trouve dommage qu'en entrant dans les négociations commerciales, cette solidarité se soit perdue. Aujourd’hui, les distributeurs ont oublié le prix des denrées agricoles. Ils négocient des avantages promotionnels, en tête de gondole, des emplacements, des encarts publicitaires et le reste c’est accessoire. Tout cela conditionne le revenu des agriculteurs à la baisse et détruit de la valeur dans les territoires. Il faudrait que les agriculteurs puissent être encore plus forts et mieux structurés et que les coopératives et les industriels jouent le jeu. Pour JA, un nouveau travail s’engagera à la fin des négociations commerciales. Nous tiendrons compte des éléments fournis par la mission de Serge Papin, courant avril, pour expertiser si, une nouvelle fois, il serait pertinent de faire évoluer la loi EGalim.