Politique et société

Le président Macron annonce la création d’un nouveau système pour l'assurance récolte

Le président de la République a choisi les Terres de Jim, célèbre fête agricole en plein air organisée par les Jeunes Agriculteurs pour annoncer, le vendredi 10 septembre, la création d’un nouveau système assurantiel pour l'agriculture française. Cette annonce présidentielle est une victoire pour le syndicat jeune qui milite depuis des années pour que des mesures fortes relatives à la gestion des risques soient actées au plus vite dans un contexte d’accélération des incidents climatiques.

Le président Macron annonce la création d’un nouveau système pour l'assurance récolte

Il n’est pas tombé que de la pluie lors de la journée « visite » du président de la République aux Terres de Jim, la traditionnelle fête des JA déroulée cette année dans le département des Alpes-de-Haute-Provence au sein de la commune de Corbières.

Il est aussi tombé une annonce très attendue par la profession agricole, et en particulier par les jeunes installés, qui concerne l’assurance. « Nous allons créer un système d’assurance français », a déclaré Emmanuel Macron à l’occasion d’une séquence échanges avec les JA.

Trois piliers composeront ce nouveau système doté d’un budget de 600 m€ en moyenne par an et largement inspiré du rapport Descrozaille. La solidarité nationale, premier pilier, sera financée par l’État et l’Europe. Dans une volonté de simplifier le dispositif, un interlocuteur unique sera attribué à chaque agriculteur (2e pilier). Enfin, rendre l’assurance accessible figure comme 3e axe. L’objectif est d’arriver à inciter les agriculteurs à s’assurer par le biais de subventions. « Il faut s’appuyer sur nos réseaux (assureurs, banquiers, professionnels, NDLR) » a indiqué le président, qui préconise, pour se faire, la création d’un pool de coassureurs. Agriculteurs assurés et non assurés pourront bénéficier de ce régime universel.

Après avoir exposé les grandes lignes de ce nouveau dispositif, Emmanuel Macron a défini le calendrier à tenir pour que ces mesures se matérialisent rapidement. Un texte de loi sera présenté en conseil des ministres d’ici décembre, a-t-il indiqué, en vue d’être débattu dès janvier prochain à l’Assemblée nationale et voté avant la fin de cette mandature.

Une victoire pour JA

Cette annonce présidentielle a été grandement saluée par Jeunes Agriculteurs qui parle volontiers d’une « annonce historique ». « C’est une très belle victoire », a réagi Samuel Vandaele, président de Jeunes Agriculteurs. « Renouveler, protéger et progresser : ce sont, au fond, les messages que le président de la République a fait passer aujourd’hui. En choisissant les Jeunes Agriculteurs, il a montré qu’ils sont l’avenir de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire » a-t-il poursuivi. Cela fait des années que le syndicat spécialisé dans la défense des jeunes qui s’installent en agriculture revendique l’urgence d’agir pour contrer l’effet dévastateur des aléas climatiques. Leur récurrence de plus en plus intense et régulière fragilise un nombre croissant de jeunes exploitations.

Le système de portage du foncier promu

D’autres sujets de premier plan ont également été échangés avec le président. Sur l’accès au foncier, Emmanuel Macron a rappelé qu’un texte de loi (déposé par le député Jean-Bernard Sempastous) était en cours de discussion à l’Assemblée, dans lequel figure la lutte contre « la prédation foncière ». Le président a ainsi mis en avant le système de portage du foncier qui va « permettre pendant quelques années, de porter le foncier pour le compte du jeune agriculteur. Au moment où il commence à avoir une viabilité financière, il commence à rembourser ». Cet enjeu d’accès au foncier est crucial sachant que près de la moitié des agriculteurs sera en droit de partir à la retraite d’ici dix ans.

Egalim 2 pour sécuriser le revenu

« Le revenu, c’est la première des batailles », a souligné Emmanuel Macron qui reconnaît que la loi Egalim dans sa « première version », pensée pour rééquilibrer le rapport de force entre les acteurs de l’amont et ceux de l’aval, doit aller plus loin. C’est tout l’objectif du chantier d’Egalim 2 lancé pour « poursuivre les choses en actant notamment la non-négociabilité des prix agricoles », développe le président qui s’est engagé à faire « voter et promulguer » cette loi avant la fin des négociations commerciales de l’hiver prochain. Sur ce même sujet, le ministre Julien Denormandie a tenu à rappeler qu’un travail sur l’étiquetage de l'origine était en cours et devra à terme rendre obligatoire l’étiquetage des viandes dans la restauration hors domicile.

Prédation : augmenter les prélèvements si besoin

« Il y a des vallées où il y a des éléments trop nombreux et trop dangereux. Il faut faire du prélèvement partout où ça déraille », a expliqué Emmanuel Macron à des jeunes éleveurs venus partager leur forte inquiétude quant à la résilience de leur modèle basé sur l’agropastoralisme. Sur les ours, le président n’a pas hésité non plus à préconiser d’écarter les individus les plus dangereux, un problème qui doit se gérer « vallée par vallée ». Sur le phénomène de prédation par les vautours, il a annoncé la mise en place d’un plan Vautour.

Pesticides et NBT

Interrogé directement par le président JA Samuel Vandaele sur les pesticides et les NBT, des sujets particulièrement clivants, Emmanuel Macron n’a pas éludé la question. « On veut tous réduire les pesticides, c’est une demande du consommateur d’une part. Et vous professionnels, vous aussi vous souhaitez les réduire, car vous êtes les premiers concernés », a-t-il précisé. Néanmoins, le président Macron a déclaré ne pas vouloir laisser les agriculteurs dans l’impasse. Il faut selon lui « révolutionner collectivement la ferme France », une démarche qui passera surtout par un « combat européen » à mener. « Ça ne sert à rien de réduire les phytos si à côté l’effort et la stratégie ne sont pas les mêmes », a-t-il rappelé. Quant aux NBT, ces nouveaux outils font partie des innovations qui permettent, selon lui, de faire avancer les pratiques.

 

crédit photos : Matias Desvernois

Samuel Vandaele, président JA, interroge Emmanuel Macron sur les sujets cruciaux qui mobilisent les jeunes installés.
Samuel Vandaele, président JA, interroge Emmanuel Macron sur les sujets cruciaux qui mobilisent les jeunes installés.