Politique et société

Congrès 2024 : JA construit aujourd’hui l’agriculture de demain 

Le 57e congrès national de Jeunes Agriculteurs s’est tenu, du 4 au 6 juin, au palais des congrès du Futuroscope à Chasseneuil-du-Poitou dans la Vienne. Comment atteindre la souveraineté agricole ? Quel cap donné à la Ferme France d’ici 2050 ? Tels ont été les enjeux au cœur du rapport d’orientation débattu en plénière le mercredi 5 juin. Année élective, Pierrick Horel succède à Arnaud Gaillot à la présidence de l’organisation.

 

Le congrès de Jeunes Agriculteurs s'est tenu du 4 au 6 juin 2024.

Quel meilleur choix de lieu que celui du Futuroscope pour se projeter et dessiner l’avenir ? À n’en pas douter, le réseau Jeunes Agriculteurs affectionne la symbolique. Dans un contexte marqué par les mobilisations agricoles démarrées depuis l’automne, et les échéances électives, européennes puis des chambres d’agriculture en janvier 2025, le programme du congrès s’annonçait particulièrement dense. 

Pierrick Horel, secrétaire général de 2022 à 2024, a été élu président de Jeunes Agriculteurs le 6 juin dernier.

Fraîchement élu à la tête de la structure, Pierrick Horel, a insisté dans son discours de clôture sur les nombreuses mesures obtenues par les réseaux JA et FNSEA à la suite des mobilisations. « Il faudra accélérer leur concrétisation dans les cours de ferme » a-t-il néanmoins prévenu devant le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau présent dans la salle.

Le nouveau chef de file JA a également abordé le sujet de la Politique Agricole Commune (Pac) qui doit rester selon lui « une priorité et le premier budget de l’Europe », afin d’atteindre la souveraineté tout en exigeant que s’applique « une harmonisation des normes » entre pays membres. Concernant le RGA et la loi récemment votée à l’Assemblée, c’est « avant tout une loi pour le renouvellement des générations » a-t-il rappelé, « elle ne règlera pas tous les problèmes de l’agriculture ». Sur le revenu et les EGA, il dit souhaiter « une future loi Egalim 4 » d’ici l’été.

Quel modèle d’agriculture construire d’ici 2050 ?

De cette question a découlé la rédaction du rapport d’orientation 2024 intitulé « Construire notre souveraineté, impulser les transitions ». Au fil des 60 pages composant le texte, 101 amendements étaient soumis au débat de la séquence phare du congrès, déroulée le deuxième jour et qui a duré près de 10h.

Débat sur le Rapport d'orientation 2024.

« Ce texte est une fondation pour redéfinir le modèle agricole français », a expliqué en préambule Maxime Blondeau-Buizard, l’un des trois corapporteurs du texte et élu du bureau national de la nouvelle mandature 2024-2026. « Basée sur le triptyque planification-adaptation-modernisation », a précisé Pierre Meyer, également corapporteur et membre du nouveau conseil d’administration national. 

Comme à son habitude, l’exercice collectif a permis de construire des positions consensuelles entre régions sur un certain nombre de sujets concernant au premier chef les jeunes installés : souveraineté agricole, menaces qui s’abattent sur les élevages et les cultures (aléas climatiques, loup, etc.), gaspillage alimentaire en proposant par exemple la révision des calibrages dans les cahiers des charges, éducation dès le plus jeune âge, revenu, paiements pour services environnementaux, définition de l’actif agricole ou encore des mesures foncières pour faciliter l'accès aux jeunes porteurs de projet.

Débat sur le Rapport d'orientation 2024.

Parmi les nombreuses propositions innovantes figurent l’indemnité compensatoire de l’impact climatique (ICIC) qui permettrait d’accompagner les fermes dans leur conversion à de nouvelles pratiques ou cultures ; ou la taxe de rééquilibrage concurrentiel (TRC) à travers laquelle Jeunes Agriculteurs entend ouvrir « une réflexion sur la fiscalité verte ».

Près de dix heures auront été nécessaires aux 600 congressistes venus de France Métropolitaine et d’outre-mer pour voter le texte final. Le prochain congrès de Jeunes Agriculteurs se tiendra en 2025 dans le Gers.

« Comment transformer la colère en engagement ? »

Le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau a participé à la table ronde qui s'est déroulée le jeudi 6 juin.
Le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau a participé à la table ronde qui s'est déroulée le jeudi 6 juin.
Jean-Baptiste Gibert, secrétaire général JA de la région Occitanie lors de la table ronde.

C’était le thème de la table ronde organisée le jeudi 6 mai, troisième et dernier jour du congrès. « La colère est encore très présente au sein du réseau JA », rappelle d’entrée Jean-Baptiste Gibert, secrétaire général JA d’Occitanie. « C’est la crise d’une profession qui se pense dans l’incapacité de faire, […], qui ne cherche pas à refuser la norme, mais qui pointe le problème de sa mise en applicabilité », analyse François Purseigle, sociologue spécialiste du monde agricole au sujet des mobilisations agricoles. Lorsque le sentiment d’injustice est trop fort et qu’il n’arrive pas à redescendre, le besoin d’agir se fait urgent. L’insatisfaction étant, explique-t-il, un des combustibles de l’engagement. « Lorsque l’on parle avec le président de Jeunes Agriculteurs, on sait qu’il représente du monde derrière. L’engagement sert le collectif, à organiser la demande », a réagi pour sa part le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, participant également à cette séquence.

« Ça nous donne de la visibilité, nous permet de mettre en avant notre syndicat » - Mathieu Grollier, président de JA Vienne et président du comité d'organisation.

L'équipe des JA Vienne, organisatrice du Congrès national de Jeunes Agriculteurs cette année.
L'équipe des JA Vienne, organisatrice du Congrès national de Jeunes Agriculteurs cette année.
Mathieu Grollier, coprésident de JA Vienne et président du comité d'organisation du congrès 2024.

Mathieu Grollier, coprésident JA du département de la Vienne et président du comité d'organisation était très fier d’avoir contribué avec ses camarades à la réussite du congrès. « C’est un honneur de vous avoir réuni ici », a-t-il déclaré à l’adresse de ses homologues agriculteurs lors de son discours de clôture. Il espère que l’événement contribuera à regagner la chambre l’année prochaine à l’occasion des élections de janvier.