Politique et société

Les chambres d’agriculture militent pour « réinventer le développement agricole »

À l’occasion des traditionnels vœux à la presse déroulés le mercredi 10 janvier, le président des chambres d’agriculture Sébastien Windsor a insisté sur le besoin de « réinventer le développement agricole » dans un contexte où de plus en plus de nouveaux installés ne sont pas issus du monde agricole et où les incidents climatiques s’accélèrent.

Sébastien Windsor, président des chambres d'agriculture France.

C’est un discours volontariste qu’a tenu le représentant des chambres d’agriculture France Sébastien Windsor face aux journalistes. Après avoir expliqué que l’année 2023 avait été « particulièrement difficile » pour le monde agricole, durement touché par les effets du changement climatique, entre excès d’eau et pics de sécheresse, mais aussi par les impacts des crises sanitaires de la grippe aviaire et de la MHE (maladie hémorragique épizootique), il a particulièrement insisté sur la situation de l’élevage qui vit « une véritable baisse structurelle » de ses effectifs, fortement pénalisés par l’ « accumulation des contraintes [et] l’image du métier ». Sébastien Windsor a par la suite rappelé les travaux menés par les chambres en 2023 avec l’accompagnement « sans précédent » de près de 80 000 agriculteurs sur la nouvelle Pac, les 1325 diagnostics carbones réalisés par les chambres sur les 1850 comptabilisés ou encore le rôle « de contribution au débat » qu’elles ont tenu durant les rencontres relatives au pacte et loi d’orientation et d’avenir agricole.

Sur l’agrivoltaïsme et le photovoltaïque au sol, il a rappelé que leur développement ne « doit pas se faire au détriment de la production agricole ».

Changer le paradigme

Face à la montée des profils qui ne sont pas issus du monde agricole, « il y a une nécessité de faire différemment » a insisté le représentant. Un changement profond dans la façon de concevoir l’accompagnement qui doit s’opérer selon lui via trois volets clés. La formation : « Il faut ramener les nouveaux porteurs de projet à la réalité de ce qu’est une exploitation. Ils peuvent être très bons en finances, gestion, etc., mais il faut davantage les raccrocher aux réalités du monde agricole. Soit l’exacte inverse de l’accompagnement à avoir avec les jeunes filles ou fils d’agriculteur ». La gestion des capitaux : « Ce n’est pas pareil si les capitaux restent au sein d’une même famille ou s’il faut les obtenir par ses propres moyens. Le fonds de portage dans ce cas précis est un acte majeur ». Et organiser la transmission : « Il faut préparer le cédant à transmettre son exploitation à une tierce personne qu’il ne connaît pas ».

60 M€ par an

Pour réaliser ces changements structurels, Sébastien Windsor explique qu’il faut « aller chercher la grande masse des agriculteurs » en leur faisant faire « une succession de petits pas ». Cela concernerait selon lui de 100 000 à 150 000 agriculteurs, soit une moyenne de 15 000 par an à convaincre sur cinq ans. Il estime le coût de cet accompagnement « à 60 M€ par an ». Le prix selon lui pour réussir à « réinventer le développement agricole ».

2024 : année du centenaire de l’existence des chambres

Cette année n’est pas une année comme les autres pour les chambres d’agriculture puisqu’elle marque leurs cent ans d’existence. L’occasion de raconter au travers de cinq grandes périodes l'évolution de ses missions. 1924-1945 : « Partenaires de la reconstruction agricole française » au sortir de la 1re Guerre mondiale où « l’on est passé d’un lopin de terre à une agriculture économique », analyse Sébastien Windsor. 1946-1962 : « Au cœur de la révolution agricole » avec le « besoin de développer la production et être autosuffisant grâce notamment au plan Marshall. Les chambres ont œuvré pour accompagner l’utilisation des nouveaux matériels ». 1963-1980 : « Sur tous les fronts », où il a fallu « accompagner le développement de la production, mécanisation, intrants, engrais chimiques, génétiques… ». 1981-2000 : « Défis de la mondialisation et problématiques sociétales » avec « une agriculture touchée par la mondialisation, les règles de l’OMC, les enjeux de compétitivité ». 2001-2024 : « Bâtir l’agriculture du 21e siècle », « il est plus difficile de qualifier cette période, cela nécessite de prendre du recul, il y a aujourd’hui une recherche d’optimisation de la production, de l’ensemble du système de l’exploitation, il faut accompagner sa cohérence » a conclu le président des chambres.

Pour en savoir plus sur l’histoire des chambres d’agriculture, un site spécialement conçu pour cette date anniversaire a été créé. Rendez-vous ici.