Installation

Le RGA au cœur des enjeux de la filière laitière

À l’occasion de la journée mondiale du lait ce mardi 1er juin, le Cniel a organisé une matinée d’échanges sur l’état de la filière en France. Avec un constat : un départ à la retraite sur deux n’est pas remplacé. Et un défi : rendre plus attractifs les nombreux métiers qu’elle propose.

jeune éleveur qui regarde son cheptel

Près de 4 000 éleveurs laitiers partent chaque année à la retraite en France, pour 2 000 installations en face. La moitié des éleveurs ont plus de 50 ans. « L’enjeu du RGA va s’accentuer, car la pyramide des âges est très déséquilibrée », observe Benoît Rouyer, directeur prospective économique au Cniel, « la filière [qui compte 50 000 fermes] fait travailler à l’amont près de 110 000 personnes dont 90 000 sont des chefs d’exploitations ».

Renforcer la promotion des métiers est l’une des actions maîtresses ciblées par les acteurs de l’interprofession pour tenter d’inverser cette tendance de fond. « La filière offre plus de 100 métiers différents de l’amont à l’aval », rappelle ainsi Thierry Roquefeuil, président du Cniel.

Si les problèmes de recrutement à l’amont sont réels, ils existent également à l’aval. « 15 % des offres en CDI des métiers en fromageries, commerces… ne sont pas pourvus », souligne Caroline Le Poultier, directrice du Cniel. Une situation jugée paradoxale dans un contexte de hausse générale du chômage.

L’enjeu du renouvellement s’imbrique dans une multitude d’autres enjeux , tels que celui de la dynamique des territoires. Plus de 80 % des emplois de la filière, explique le Cniel, se situent au sein de communes de moins de 15 000 habitants.  

Faire de la place aux jeunes

« Certes il y a le défi du renouvellement, mais le projet d’installation ne doit pas simplement être une reprise, une poursuite. Il faut aussi qu’il soit un champ de créativité », note François Purseigle, sociologue des mondes agricoles. Ce dernier insiste aussi sur le volet organisation du travail, « le nerf de la guerre » selon lui pour donner envie aux jeunes de s’engager dans cette vocation.

Jeune éleveuse, Apolline Martel est venue témoigner de son retour positif au sein de la ferme familiale après ses études. « Il ne faut pas avoir peur d’entreprendre. Je suis très attirée par la communication, le fait de transmettre ma passion. J’ai donc établi un partenariat avec le lycée agricole de ma ville. Chaque semaine désormais, nous accueillons des élèves sur l’exploitation. J’ai également changé l’alimentation de notre jeune cheptel en passant par plus d’autoconsommation, on a réalisé des gains économiques ». Apolline explique qu’elle travaille un week-end sur trois, et part en vacances quatre semaines par an.

La rémunération, autre nerf de la guerre

Pour rendre attractifs les métiers de la filière laitière et de l’ensemble des productions agricoles, le prix restera toujours le premier des arbitres. « L’évolution du prix n’a absolument pas suivi l’inflation », a dénoncé Thierry Roquefeuil. De 1984 à 2021, l’inflation a augmenté selon lui de 50 % tandis que les prix du lait n’ont été appréciés en parallèle que de 30 %.

« La passion ne peut pas tout. La question de la rémunération derrière est cruciale », est venu abonder Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture rappelant qu’« un nouveau projet de texte [« loi Egalim 2 » portée par le député Grégory Besson-Moreau, NDLR] sera proposé d’ici 15 jours à l’Assemblée nationale ».