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La HVE a le vent en poupe

La Haute valeur environnementale se développe comme une agriculture de consensus entre les contraintes de la profession et les demandes sociétales. Cette certification, basée sur une obligation de résultat, a l’avantage de laisser le choix aux agriculteurs concernant les outils agroécologiques à mettre en œuvre sur leur exploitation.

Vignes.

Objectif Pac

Concernant les grandes cultures, c’est l’AGPB qui a donné l’impulsion lors de son congrès en mars dernier. L’objectif du syndicat est d’obtenir que la certification environnementale de niveau 2 soit reconnue par la future Pac. « Nous ne connaissons pas encore le contenu de la Pac 2023, mais ce que nous savons c’est que des éco-dispositifs vont intégrer le premier pilier. Nous voulons que la certification environnementale de niveau 2 permette un accès automatique à ces subventions », déclare Philippe Heuseule, vice-président de l’AGPB. En cas de validation de cette équivalence, il faudrait alors qu’un maximum d’agriculteurs atteigne cette certification pour ne pas voir leur montant d’aides Pac baisser.

Démontrer la qualité de l’agriculture française

Par le biais de la HVE, c’est toute une profession qui cherche à expliquer aux consommateurs que les agriculteurs français ont des pratiques parmi les plus vertueuses de la planète.

« Ce qui est intéressant, c’est d’avoir une démarche officielle et reconnue. La HVE complète les démarches privées »

, affirme Valéry Goy, producteur de la coopérative Sud-Roussillon et référent de l’AOP tomates et concombres de France. Il ajoute que le logo pourrait permettre de différencier les productions françaises des importations légumières, notamment espagnoles.

L’un des fondamentaux de la HVE, c’est qu’elle est approuvée par les ONG environnementales. Ces dernières siègent avec les organisations syndicales, les représentants des consommateurs ou encore ceux de l’industrie agroalimentaire au sein de Commission nationale de la certification environnementale (CNCE), organe officiel qui prend les décisions et arbitrages concernant la HVE. Un lieu de discussion qui permet de trouver un consensus sur des pratiques qui peuvent être acceptées par tous, agriculteurs et consommateurs.

Une dynamique à trouver

Les différentes filières font désormais face au même défi : celui d’emmener les producteurs avec elles vers la certification environnementale. « Il y a des filières qui commencent à s’y intéresser en se disant qu’il ne faut pas qu’elles se fassent distancer par les autres », réagit Laurent Brault, chargé de mission au sein de l’association HVE développement. Mais ce mouvement ne se fera que si la valorisation économique est au rendez-vous. « Il y a des initiatives qui commencent à prendre. Lidl a, par exemple, mis en avant une gamme HVE pour sa foire aux vins », ajoute Laurent Brault.

La certification HVE est la grande tendance du moment. C’est la certification dont tout le monde parle et qui se donne pour dessein d’être le fer de lance de la transition agricole française. Mais au-delà des grands concepts, quelle est sa portée réelle ? À ce jour, le mouvement de masse ne concerne que les viticulteurs. Au 1er janvier 2019, ils représentaient 90 % des 1 519 exploitations certifiées. Mais la HVE pourrait rapidement s’étendre à d’autres productions. Les exploitations maraîchères ont notamment pris la balle au rebond. L’association des producteurs de tomates et concombres a déjà calqué son cahier des charges sur le niveau 2 de la certification environnementale, et de nombreuses exploitations visent maintenant le niveau 3, c’est à dire la HVE. Même son de cloche chez les producteurs de mâche du bassin nantais qui espèrent une certification de 80 % des exploitations d’ici un an.