Élevages

La filière chevreau en panne

La filière chèvre réclame la mise en place d’un nouveau modèle économique du chevreau. Un pari compliqué.

Les acteurs appelés à corriger le tir

Dans un communiqué signé le 17 juin, la Fnec (Fédération nationale des éleveurs de chèvres, FNSEA), la Confédération paysanne et la Coordination rurale demandent aux acteurs de la filière de réfléchir à un nouveau système de valorisation du chevreau pour que chaque maillon retrouve de la valeur. Après la crise du Covid-19, la guerre en Ukraine et ses conséquences inflationnistes affectent la valorisation du chevreau, « co-produit » de la filière laitière caprine.

Avec près de 6 000 éleveurs caprins en France, la filière produit chaque année environ 550 000 chevreaux (3 200 tonnes de viande). Ce sont de jeunes animaux destinés à l’engraissement dans des sites spécialisés (70 %) ou à la ferme (30 %) avant traitement dans trois abattoirs spécialisés, et de proximité à la marge. Cette viande se valorise principalement à l’exportation (60 %), surtout au Portugal et en Italie. Le problème, c’est que la crise du Covid-19 ayant ralenti les flux de marchandises entre les pays, les stocks de viande congelée ont grossi.

Si « des aides de l’État nous ont permis de passer la crise », reconnaît Franck Moreau, vice-président de la Fnec et représentant caprin à Interbev, la flambée des prix dans le monde a remis de la fragilité dans la filière. Aujourd’hui, « le contexte inflationniste du prix de la poudre de lait impacte la rentabilité de l’activité d’engraissement et la menace de baisse du prix du chevreau naissant revient sur le devant de la scène », précise le communiqué signé le 17 juin.

Mieux répartir la valeur

Confrontés à la hausse du prix de la poudre de lait qu’ils administrent aux chevreaux en engraissement, les engraisseurs (soixante-dix spécialisés en France) ont cherché à répercuter la hausse de leurs coûts de production vers les abatteurs. Fin de non-recevoir. Ils ont donc abaissé le prix d’achat des chevreaux pour assurer leur survie économique. Résultat, le prix du chevreau naissant a perdu 80 % de sa valeur en deux ans, chutant de 7-8 euros à 1-2 euros l’animal.  

Refusant « de céder à la (…) solution de facilité : faire payer les éleveurs laitiers », les trois syndicats signataires proposent de repenser le modèle avec l’ensemble des acteurs de la filière, « y compris avec les distributeurs et les pouvoirs publics (…), afin de trouver des solutions à long terme et de garantir un avenir durable à la filière », précisent-ils. Ils proposent de diminuer « le nombre de chevreaux entrant dans le circuit long en travaillant sur des lactations longues et sur les semences sexées ».

Ils suggèrent par ailleurs de développer « toutes les alternatives d’abattage en complément des trois abattoirs spécialisés (ainsi que) l’engraissement des chevreaux à la ferme pour désengorger le circuit classique et pour mieux répondre aux attentes sociétales ». Selon la Fnec, le dossier pourrait évoluer cet été pour un début de campagne qui démarre en septembre.