« Il ne reste que les bâtons » : la grêle a foudroyé les cultures de Thomas Bompar
En quelques minutes, un orage d'une rare intensité a balayé le Tarn, transformant les espoirs de récolte en champs ravagés. À Lautrec, Thomas Bompar, producteur d’ail rose et céréalier de 32 ans, témoigne d’un désastre qu’il compare à « une véritable catastrophe naturelle ».

Lundi 19 mai, vers 17 heures, le ciel s’est assombri brutalement au-dessus du Tarn. La commune de Lautrec a été l'une des plus durement touchées par l'épisode orageux annoncé en vigilance orange par Météo-France. Une dépression en provenance du nord-ouest de l’Espagne a déclenché une violente perturbation, avec des pluies diluviennes, des rafales de vent et surtout, de la grêle. « Beaucoup de grêle. » « En dix minutes, on avait déjà 65 mm au pluviomètre », se souvient Thomas Bompar, agriculteur installé depuis six ans sur le secteur. Il était chez lui, impuissant. « Avec mon père, on s’envoyait des vidéos en direct. On voyait la grêle tomber à pleine force. Là, on a compris. C’était foutu. »
« Il ne reste que les bâtons »

Le lendemain matin, le constat est sans appel, « 100 % des parcelles sont touchées, toutes les cultures – orge, blé, ail blanc et ail rose – ont été laminées. Les feuilles de l’ail, si belles encore la veille, sont couchées, déchirées. Il ne reste que les bâtons. » Pour ce producteur spécialisé en ail rose de Lautrec, c’est la fin de la campagne, à quelques semaines de la récolte. « À ce stade, l’ail ne grossira plus. Il est exposé aux maladies, et il n’a plus d’énergie pour se nourrir. » Il ne peut même pas envisager de l’arracher. Le blé en épi, le tournesol fraîchement semé, tout a été écrasé. « Tout part à la poubelle. C’est décourageant. J’ai demandé à mes grands-parents : ils n’ont jamais vu ça », constate le JA.
Des pertes à six chiffres
S’il n’a pas encore établi de chiffrage exact, Thomas évalue déjà les pertes à plus de 500 000 euros. « Je n’ai pas la force de faire les comptes. Une culture comme l’ail rose, avec une telle valeur ajoutée, part vite en pertes. » Assuré en multirisque climatique, il mise désormais tout sur l’indemnisation. En attendant, il ne peut qu’observer ses champs abîmés et « ne même pas attacher l’ail », car « ça coûterait plus cher que de le laisser ».

La visite de la ministre : un espoir de reconnaissance
Le mercredi 21 mai, la ministre de l’Agriculture s’est rendue dans le Tarn et le Tarn-et-Garonne, une visite qui a permis à Thomas et à d’autres agriculteurs de lui montrer l’ampleur des dégâts. Une occasion d’échanger aussi sur les attentes, les urgences, les solutions concrètes. « Il faut que les autorités prennent la mesure de ce qu’on vit. Ce n’est pas juste un orage. C’est une catastrophe naturelle », déclare Thomas, désemparé.
Aujourd’hui, Thomas attend. Les cultures ne repartiront pas. Les prochaines semaines seront marquées par l’inventaire des pertes et la réponse des assurances. Il redoute aussi l’impact psychologique, sur lui comme sur ses collègues : « Ce genre de coup, ça casse un moral ». Ce printemps 2025 laissera une trace dans les mémoires agricoles des Occitans.