Politique et société

Des femmes prennent la parole pour casser les clichés

Une table ronde sur le travail des femmes en milieu majoritairement masculin a été organisée, le jeudi 2 mars, au salon de l’agriculture. L’occasion pour des représentantes investies dans différents corps de métiers, secteur agricole mais pas uniquement, de partager leurs conseils et de balayer certaines idées reçues.

Des femmes prennent la parole pour casser les clichés

Comment trouver sa place lorsque l’on est une femme dans un milieu de travail majoritairement masculin ? C’est autour de cette question centrale qu’un temps d’échange a eu lieu à l’initiative de la Commission nationale des agricultrices (CNA) sur le stand de la FNSEA au salon de l’agriculture, jeudi 2 mars. « Les agricultrices représentent près de 30 % des exploitants en France soit environ 110 000 personnes dont 20 000 ont le statut de conjoint-collaborateur. […] Beaucoup de travail a été fait pour gagner en reconnaissance. Néanmoins, il reste encore quelques échelons à gravir. Car le renouvellement des générations en agriculture, j’en suis convaincue, se fera avec les femmes », c’est par ces mots que Jacqueline Cottier, ancienne présidente de la CNA, a introduit la table ronde. Travaillant dans les métiers du bâtiment, de la boucherie, du milieu du cyclisme professionnel ou de l’agriculture, les femmes présentes ont pu, chacune à tour de rôle, raconter leur parcours et partager les verrous qu’il reste selon elles encore à faire sauter pour véritablement obtenir une égalité homme femme.

« À nous de montrer que le monde agricole est aussi fait pour les femmes, a renchéri Catherine Faivre-Pierret, nouvelle présidente de la CNA, il ne faut pas attendre que l’on nous ouvre les portes, c’est à nous de nous en charger. »

Rester soi-même, savoir s’entourer, casser les clichés et surtout oser !

Manon Pisani, éleveuse de porcs et membre du Bureau national à Jeunes Agriculteurs, le jeudi 2 mars au salon de l'agriculture.

Pour Véronique Langlais, bouchère et présidente du syndicat des bouchers de Paris, l’une des premières choses à faire pour réussir à inciter des jeunes femmes à s’engager dans des métiers connotés « masculins » est « d’arrêter de marteler dans les médias que ces métiers sont pénibles. Dans tous les métiers, il existe de la pénibilité. Il faudrait davantage insister sur les possibilités, le plaisir et la dynamique positive qu’ils véhiculent ».

« Surtout ne pas se dire que ce sont des secteurs réservés aux hommes. Si elles ont l’envie et la passion, il ne faut pas qu’elles hésitent, il faut qu’elles osent ! », abonde Sandrine Bideau, cycliste professionnelle. « Il est très important également que ces jeunes femmes se fassent accompagner par un réseau, qu’elles ne restent pas seules. Je leur conseille de parler de leur envie, de se rendre visible et d’obtenir dans la mesure du possible un soutien de leur entourage », note Cécile Beaudonnat, présidente de la Commission nationale des femmes de l’artisanat. « Je leur dirais de rester elles-mêmes y compris dans leur féminité. Ne pas sentir qu’elles doivent se comporter comme des hommes pour y arriver. On est très bien comme on est. Nos différences sont aussi des atouts », souligne Karen Serres, ancienne présidente de la CNA.

« J’aimerais que la représentativité des agricultrices dans les organisations syndicales soit similaire au tiers que nous représentons dans la profession », Manon Pisani, éleveuse et membre du bureau national du syndicat Jeunes Agriculteurs. 

« En agriculture, dans nos organisations, nous avons de plus en plus de femmes présidentes ou de directrices. Elles sont le vrai visage de ce qu’est l’agriculture aujourd’hui », explique Christiane Lambert, présidente de la FNSEA qui a insisté sur l’importance de « bousculer » et de ne pas « se poser de question ».

« J’aimerais que la représentativité des agricultrices dans les organisations syndicales soit similaire au tiers que nous représentons dans la profession. Aujourd’hui ce n’est pas encore le cas, la marche est encore haute, fait remarquer Manon Pisani, membre du bureau national du syndicat Jeunes Agriculteurs. Un des leviers selon elle pour y remédier serait « que le Service de remplacement puisse garantir demain des heures pas uniquement pour du remplacement à la ferme, mais pour les à-côtés : garderie, services à la maison type repassage, faire les courses, les machines etc. Cela permettrait d’alléger la charge mentale et de libérer du temps. »  

« L’enjeu n’est pas de prendre le pouvoir, mais d’être en mixité. Tout démontre dans la vie que la mixité est toujours un plus » a conclu Isabelle Lonvis-Rome, la ministre déléguée auprès de la Première ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes. Cette dernière a annoncé qu’un « grand plan Égalité pour tous » déployé sur quatre ans sera annoncé le 8 mars prochain.