Normandie

Normandie-Corée du Sud : quand l’agriculture crée des ponts

Photo souvenir de notre rencontre puis dégustation d’un verre de jus de pomme.

Jeudi 23 octobre 2025, les Jeunes Agriculteurs de Normandie ont accueilli une délégation sud-coréenne venue découvrir les spécificités de l’agriculture normande. Au programme : partage d’expériences, enjeux agricoles et surprises culturelles.

Quatorze lycéens sud-coréens, lauréats d’un concours organisé par le Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et de la Ruralité pour leurs projets innovants, ont fait le déplacement. Accompagnés de deux agents ministériels, d’une enseignante en agroalimentaire, d’un producteur d’olives et de leur interprète ; ils ont entamé leur journée à Ouistreham avant de rejoindre les locaux de Jeunes Agriculteurs à Colombelles. L’occasion pour eux de plonger dans le quotidien d’un organisme agricole normand et d’aborder en détail la question cruciale de l’installation des jeunes en agriculture.

Climat et transitions : des réalités contrastées

La rencontre a débuté sous le signe de la tempête Benjamin, offrant un cadre symbolique aux échanges sur le climat. Alexis Graindorge, vice-président Jeunes Agriculteurs Normandie et éleveur laitier dans l’Orne, a souligné la relative résilience de la Normandie face au changement climatique, comparée à d’autres régions françaises. Il a évoqué l’exemple du Champagne, dont le territoire historique pourrait être amené à évoluer.

Les étudiants coréens ont immédiatement fait le parallèle avec leur propre pays, où les pommiers migrent progressivement vers le nord. Mais les écarts climatiques entre les deux pays restent frappants : en Corée du Sud, les températures oscillent entre -40°C l’hiver et 40°C l’été, imposant une agriculture adaptée à des saisons très marquées.

Clichés et réalités : la diversité normande surprend

La discussion s’est poursuivie sur les productions agricoles normandes. Si le camembert et le cidre étaient connus des étudiants, la diversité productions agricoles les a impressionnés. Alexis Graindorge a expliqué comment le contexte pédoclimatique normand permet cette richesse, tout en dissipant un apriori de la délégation : la Normandie ne compte pas que des producteurs-transformateurs, mais aussi de nombreuses industries agroalimentaires qui valorisent les produits du terroir.

À l’inverse, la Corée du Sud présente un visage agricole très différent : seulement 5 % de la population travaille dans le secteur, principalement des personnes de plus de 60 ans qui, après un emploi en ville, viennent exercer une activité agricole à leur retraite. Les exploitations sont de petite dimension, plus de 65 % d’entre elles font moins d’1 ha (source : fiche pays du Ministère de l’Agriculture). Le pays, dépendant des importations pour la plupart de ses besoins (hors riz), souhaite désormais miser sur son agriculture pour renforcer sa souveraineté alimentaire.

Soutenir les nouvelles générations : des modèles à comparer

Les échanges ont aussi porté sur les politiques d’accompagnement des jeunes agriculteurs. Les étudiants coréens, venus étudier le renouvellement des générations en Normandie, ont posé de nombreuses questions sur les dispositifs français. L’un des participants s’interroge même sur l’accès à ces aides s’il venait à s’installer en France, voilà une personne déjà conquise par notre agriculture normande !

En Corée du Sud, le Ministère de l’Agriculture propose des aides pour répondre à son enjeu de souveraineté alimentaire. L’une d’elle est liée au démarrage d’activité. Limitées à trois ans, les projets sont sélectionnés en fonction des axes de développement prioritaires. 

Les débats ont aussi abordé le foncier avec le prix des terres et des fermages ou encore les conflits de génération entre exploitants d’une même ferme. Le temps a manqué pour évoquer d’autres sujets passionnants sur cette thématique de l’installation. Cette rencontre a montré que, malgré des contextes radicalement différents, les agriculteurs normands et sud-coréens partagent des enjeux communs : adaptation climatique, renouvellement des générations et souveraineté alimentaire. Un échange qui ouvre nos perspectives !