Politique et société

Œufs ukrainiens : la ministre Annie Genevard exige des contrôles renforcés

Après la découverte de centaines de milliers d’œufs importés d’Ukraine et vendus en grandes surfaces françaises, la ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Annie Genevard, a dénoncé une atteinte à la souveraineté alimentaire et demandé un renforcement des contrôles sanitaires au niveau européen.

Des oeufs importés d'Ukraine inquiètent la profession.

Depuis le printemps, plusieurs lots d’œufs estampillés du code 3, signifiant un élevage en cage, et en provenance d’Ukraine ont été repérés dans des magasins Carrefour et E. Leclerc. Or, ces produits ne respectent pas les normes de production européennes, notamment en matière de bien-être animal et d’usage d’antibiotiques. Le 28 août, le Comité national pour la promotion de l’Œuf (CNPO) a dénoncé l’importation de 300 000 œufs non conformes, alertant sur le risque sanitaire et sur la concurrence déloyale pour les producteurs français. La polémique intervient dans un contexte de forte demande. Les Français se tournent davantage vers les œufs, protéine animale abordable en période d’inflation. Selon Yves-Marie Beaudet, président du CNPO, « les ventes ont augmenté de 5 % en volume à fin juillet par rapport à 2024, soit environ 350 millions d’œufs supplémentaires ». Malgré cette hausse, la filière affirme avoir tenu le choc en approvisionnant la grande distribution, sans rupture majeure.

La réaction de la ministre

Face à ces importations, Annie Genevard a réagi sur son compte X (ex-Twitter). « La souveraineté alimentaire, c’est privilégier la production française aux importations de denrées ne respectant ni nos normes, ni les attentes des consommateurs », a-t-elle déclaré, ajoutant que « la vente d’œufs importés ne respectant pas nos normes de production me pose un problème éthique ». La ministre a insisté sur la nécessité d’une vigilance accrue, en appelant à un renforcement des contrôles aux frontières françaises et surtout au niveau européen. Elle a également plaidé pour la création d’une Agence européenne de contrôle afin de garantir la conformité des importations, et pour l’application stricte des clauses miroirs, avec une limite maximale de résidus fixée à zéro pour toute pratique interdite en Europe. « Tout le monde doit être acteur de notre souveraineté : consommateurs comme distributeurs », a insisté Annie Genevard.

Enseignes sous pression

Carrefour, déjà critiqué en juin par la Coordination rurale après la diffusion d’une vidéo montrant des œufs ukrainiens dans l’un de ses magasins, a assuré jeudi à l’AFP qu’il ne « commercialise aucun œuf d’origine ukrainienne ». E. Leclerc, de son côté, a reconnu une « erreur », concédant que certains lots indiquaient explicitement sur l’emballage que la production ne respectait pas les normes européennes. Au-delà de l’incident, la polémique relance le débat sur les clauses miroirs, ces règles exigeant que les produits importés répondent aux mêmes standards que ceux produits dans l’Union européenne. Alors que le budget européen est en discussion, la ministre a annoncé qu’elle défendrait cette ligne « avec détermination », affirmant que la France n’acceptera pas de voir son modèle agricole fragilisé par des importations à bas coût.

« Donner les moyens de développer la filière »

« La réaction de la ministre est à la hauteur des attentes des producteurs d’œufs français. C’est exactement ce que Jeunes Agriculteurs défend depuis 2022 : donner les moyens de développer la filière pour que les jeunes puissent s’installer, construire des bâtiments et se lancer dans la production. Or, les procédures administratives, notamment liées aux ICPE, freinent encore les projets et peuvent prendre jusqu’à 18 mois. Il appartient désormais au gouvernement de simplifier et de soutenir, afin de garder la production en France et d’éviter une surtransposition des normes. Les clauses miroirs vont dans ce sens : elles figuraient déjà parmi nos propositions dans le rapport d’orientation de 2022, consacré à la convergence entre les attentes des consom’acteurs (consommateurs) et la pérennité des filières agricoles. »

 

Christophe Haas, vice-président JA et éleveurs de poules futures pondeuses.