« Nous ne contrôlons pas la maladie, nous l’éradiquons » : Annie Genevard serre la vis face à la DNC
C’est la première sortie de la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, depuis sa nomination dans le gouvernement Lecornu, le 12 octobre. En déplacement dans le Jura, elle a appelé vendredi à une « très grande responsabilité collective » face à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), alors que la maladie touche désormais six départements.

Une ligne de fermeté. « Nous ne contrôlons pas la maladie, nous l’éradiquons », a martelé Annie Genevard devant les représentants de la filière bovine réunis dans le Jura ce vendredi 17 octobre. Pour la ministre de l’Agriculture, la DNC représente une menace « redoutable » pour « une filière d’excellence », parfois « mortelle et indétectable même après des prélèvements ».
Face à la propagation du virus, le gouvernement a décidé de durcir le dispositif sanitaire sur l’ensemble du territoire. Trois mesures phares s’appliquent dès à présent : l'interdiction de tous les rassemblements d’animaux à caractère festif, tels que foires, salons ou comices. La suspension des exportations d’animaux vivants pendant quinze jours, afin d’éviter la diffusion du virus hors de France. Et l’interdiction des mouvements de bovins dans les zones à risque, couvrant trois régions : Bourgogne–Franche-Comté, Auvergne–Rhône-Alpes et Occitanie.
Les contrevenants s’exposent à 750 € d’amende, voire 1 500 € en cas de récidive. Les éleveurs refusant la vaccination obligatoire pourraient également se voir refuser toute indemnisation en cas d’abattage de leur troupeau.
« Un esprit de bataille contre la maladie »
Dans le Jura, où un nouveau foyer est apparu début octobre, une campagne de vaccination obligatoire est en cours. « Quel que soit l’âge des bovins, tous doivent être vaccinés. Les doses sont disponibles et intégralement prises en charge par l’État », a insisté la ministre.
Le dispositif repose sur un triptyque déjà éprouvé en Savoie et Haute-Savoie — dépeuplement, vaccination et biosécurité — qui a permis d’y éradiquer la maladie. « Je mesure le drame que vivent les éleveurs concernés, mais leur sacrifice protège tout le cheptel bovin », a déclaré Annie Genevard, tout en annonçant de nouvelles instructions préfectorales à venir concernant la gestion des troupeaux pendant l’hiver.
« Au moment où les éleveurs bovins lait et viande retrouvaient du souffle, on ne peut pas de nouveau les étrangler ! » Dans un communiqué commun, Jeunes Agriculteurs, la FNSEA, la FNB et la FNPL fustigent la décision gouvernementale d’interdire toute sortie de bovins du territoire métropolitain. Pour eux, cette mesure prise « de manière unilatérale » fragilise une filière déjà ébranlée par les crises sanitaires à répétition. Les organisations reprochent à l’État son « laxisme » face aux manquements de certains acteurs. Elles proposent, à la place, une négociation européenne pour permettre l’échange d’animaux vaccinés, accompagnée d’un contrôle vétérinaire systématique à l’export. Les syndicats appellent enfin à un renforcement des moyens de contrôle et des sanctions pour garantir la sécurité sanitaire sans paralyser les marchés.
Une filière fragilisée
Selon les chiffres du ministère, 86 foyers sont désormais recensés dans six départements, dont l’Ain, le Rhône, le Jura et les Pyrénées-Orientales. Ces nouveaux cas « résultent probablement de mouvements d’animaux, dont certains illicites », précise le communiqué gouvernemental. La suspension des exportations a été vécue comme « un coup de massue » par la profession. La France, premier exportateur mondial, avait expédié en 2024 plus de 940 000 broutards et 356 000 veaux, pour plus d’un milliard d’euros de recettes.
Vigilance accrue
Après les cas détectés dans les Pyrénées-Orientales — à La Bastide, Oms et Valmanya — une nouvelle zone réglementée de 50 km a été établie autour des foyers, incluant une partie de l’Aude et de l’Ariège. « Nous devons rester extrêmement vigilants, y compris dans les zones aujourd’hui indemnes », a prévenu la ministre, rappelant que « le déplacement des animaux dans les étables à l’approche de l’hiver fera l’objet d’instructions spécifiques ».
La DNC, transmise par des insectes piqueurs, provoque des nodules cutanés, des baisses de production et peut être mortelle pour les bovins. En France, la stratégie ne vise pas à cohabiter avec le virus, mais à l’éliminer. « C’est une bataille collective que nous devons mener ensemble », a conclu Annie Genevard.