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L’interprofession du lapin cherche à relancer la production de lapin en France

L’interprofession de la filière cunicole cherche des producteurs pour freiner la lente érosion du secteur. Elle communique actuellement dans ce sens.

Les élevages alternatifs représentent tant 10 % des élevages actuellement. Crédit : CLIPP/Rodolphe MARICS.

Le Comité interprofessionnel du lapin de chair (CLIPP) et tous les maillons de la filière sont à l’ouvrage pour convaincre de nouveaux producteurs d’entrer dans la filière. Les avantages sont nombreux, assure le CLIPP. Sa directrice Émilie Gillet évoque « une production largement contractualisée, une charge de travail qui se planifie aisément pour réaliser son travail en trente-cinq heures. C’est une grosse force du métier qui permet un équilibre pro-perso et la féminisation du secteur. 30 % des chefs d’exploitation sont des femmes actuellement ».

Présentée de la sorte, la filière présente bien des atouts. Pourtant, le secteur éprouve toutes les peines du monde pour recruter. Les deux tiers des chefs d’exploitation (600 élevages en France) ont plus de cinquante ans. C’est la marque d’une forte période de recrutement dans les années 1990 suivie d’un creux profond sur plusieurs années. Seconde difficulté du secteur, la décroissance de la consommation tombée à 300 grammes par an et par habitant contre 950 grammes en 2010. La viande de lapin manque de visibilité au rayon volaille au rayon libre-service des enseignes de la distribution. Ce qui empêche l’achat d’impulsion. 

 

30 % d‘élevages alternatifs en 2030 ?

La production s’est donc adaptée en resserrant ses rangs autour de douze organisations de producteurs -des éleveurs spécialisés à 61 %- et quelques outils d’abattage. La filière s’est engagée dans la transformation de son système de production à la fin des années 2010, à l’issue de son plan de filière rédigé pour les États généraux de l’alimentation. Elle a commencé à substituer partie des cages par des parcs, grands enclos et mezzanines. « À ce jour, 10 % de la production sort de ces élevages alternatifs avec un objectif de passer à 30 % d’ici à 2030 », précise Émilie Gillet. 

Au vu de l’âge des éleveurs, lesquels procèdent-ils à ces investissements ? « Ce sont en priorité les plus jeunes », reconnait la directrice du CLIPP. Sans doute y a-t-il aussi des éleveurs plus anciens qui se donnent ainsi une chance supplémentaire de vendre leur outil en transition vers plus de bien-être animal. L’interprofession cunicole a lancé il y a quelques mois un projet CASDAR appelé RELEV Lapin pour développer différentes actions de sensibilisation. Travail en direction des établissements de formation pour les inciter à mettre en avant la filière ; incitation à l’utilisation outils diagnostic du type EBENE orienté bien-être animal ; présence du CLIPP dans différents salons pour promouvoir le métier. 

Pour mieux informer les candidats potentiels, l’interprofession joue cartes sur table en communiquant les chiffres et les coûts, notamment de reprise. Selon une synthèse réalisée en 2024 auprès des acteurs de terrain, il faut investir pour une exploitation de 750 mères 150 à 250 euros par lapine reproductrice en occasion, 800 à 1 200 euros en neuf (système alternatif). Dans les deux cas, l’éleveur peut couvrir toutes ses charges et viser un revenu annuel de 30 000 euros. L’interprofession devrait prochainement communiquer sur ses objectifs de recrutement à terme.