Politique et société

Les labels de qualité mis au banc

Dans une étude rendue publique mardi 28 septembre, l’UFC-Que Choisir, en partenariat avec l’Inrae, a passé au crible les signes d’identification de qualité et d’origine (AOC /AOP, IGP, Label rouge et AB). Si les résultats montrent de « grands écarts entre les promesses et la réalité », la filière lait a d’ores et déjà présenté une démarche AOP laitières durables.

Les labels de qualité mis au banc

Avec l’appui de l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), l’association de consommateurs s’est penchée sur les cahiers des charges de huit appellations d’origine contrôlée (AOP) et de quatre filières de viande sous Label rouge. Leurs résultats sont sans appel : « Une proportion significative des produits étudiés ne devrait pas bénéficier des labellisations officielles » rapporte lUFC-Que Choisir.

Le « lien au terroir » s’est vérifié pour cinq AOP (Abondance, Camembert de Normandie, Laguiole, Picodon et Salers), les productions dentrée de gamme du Saint-Nectaire, du Cantal et du Munster se révèlent « trop peu différentes des productions fromagères industrielles et ne devraient pas logiquement pouvoir bénéficier de l’appellation AOP », rapporte lassociation de consommateurs. En cause notamment, l’autorisation du recours au lait pasteurisé et à lensilage, ainsi que le manque dexigences formelles sur les races de vaches.

Des résultats différents au sein même des labels

Concernant les viandes Label rouge, qui doivent garantir une qualité supérieure sur la base de quatre critères (la race, l’alimentation, le parcours extérieur et l’âge d’abattage élevé), les résultats de l’étude révèlent également des disparités entre les viandes bovines et la volaille d’un côté, et de l’autre le porc, pour lequel la différence par rapport au conventionnel est jugée « très faible ». D’une manière générale, l’association de consommateurs regrette l’hétérogénéité des bénéfices des démarches définies filière par filière (AOP, Bleu Blanc Cœur, Label rouge...) qui crée de la confusion chez les consommateurs. 

Une démarche AOP laitières durables

Comme une manière d’anticiper les résultats de cette étude, le Conseil national des appellations d’origine laitières (Cnaol) a présenté, lors de son assemblée générale du 24 septembre, sa démarche d’« AOP laitières durables ». Au total, ce sont 18 engagements que les Organismes de défense et de gestion (ODG) de chaque AOP laitière s’engagent à respecter, tels que le maintien de la biodiversité ou l’assurance du bien-être animal. « À lhorizon 2025-2030, les engagements de durabilité travaillés au sein de chaque collectif pourront être consignés dans les différents cahiers des charges, afin d'inscrire chaque AOP laitière dans un modèle agroalimentaire durable », ajoute le Cnaol dans son communiqué. 
 

AOP laitières durables
Justine Fusi

Justine Fusi, élue JA Nat, productrice dAbondance AOP :

« Un signe de qualité AOP ou IGP, ça reste un cahier des charges bien précis, avec des races locales, du pâturage. La fabrication fait aussi partie du cahier des charges, dans le cas de mon AOP, l’Abondance, elle se fait obligatoirement au chaudron et avec des toiles en lin.  Pour le cas de l’ensilage, cela répond aussi à un souci d’autonomie alimentaire, les régions du Cantal et Saint-Nectaire, par exemple, connaissent régulièrement des sécheresses. Mais je pense qu’il y a un travail de communication à faire sur la différence entre l’AOP fermier et l’AOP laitier (ndlr, qui existe pour certaines appellations dont le Cantal et le Saint-Nectaire). L’AOP fermier garantit une fabrication sur place, à la ferme et avec du lait cru alors que l’AOP laitier résulte de collectes de lait de plusieurs fermes, qui est pasteurisé pour certaines appellations, principalement pour des raisons sanitaires. »