Les industriels de la nutrition animale alertent sur la hausse continue des prix des matières premières
C’est dans un contexte particulièrement incertain dû à une hausse continue du prix des matières premières que le syndicat national de l’industrie de la nutrition animale (Snia) s’est exprimé devant la presse jeudi 02 septembre.
Si le Syndicat national de l’industrie de la nutrition animale (Snia) avait quelques événements à fêter lors de cette conférence de presse – dont les 50 ans du syndicat et la certification Afnor de sa stratégie de responsabilité sociétale nommée Respons –, l’heure n’était toutefois pas à l’insouciance. « En 2020-2021, les matières premières ont subi une augmentation de leurs prix que nous n’avons pas vue venir », a déclaré d’emblée le président du Snia, François Cholat.
Une forte dépendance aux marchés
En France, la production d’aliments composés pour animaux avoisine les 21 millions de tonnes. 41 % de ces aliments sont destinés aux volailles, 30 % aux ruminants et 24 % aux porcins. Sachant que leur prix dépend à 80 % du prix des matières premières, « on subit aujourd’hui ce qui se passe sur les marchés », a expliqué le président du Snia.
Par conséquent, la hausse du prix des matières premières entraîne inévitablement une hausse du coût de l’alimentation des animaux en élevage. L’un des principaux objectifs du syndicat étant de « garantir les objectifs des éleveurs » et « contribuer à l’avenir des élevages sur nos territoires », le moment est venu, a estimé François Cholat, de se servir des indicateurs sur le coût de l’alimentation animale prévus dans le cadre de la loi Egalim et déjà disponibles, pour ne pas fragiliser encore plus les éleveurs et producteurs de biens intermédiaires. Car, il l’a rappelé, les marges de manœuvre des entreprises de la nutrition animale – dont le résultat net moyen est proche de 1 % – sont nulles.
Le cas du soja non-OGM
Si l’ensemble des matières premières est concerné par cette hausse des prix, certaines battent des records. C’est le cas du tourteau de soja « non-OGM ». La diminution des volumes disponibles en soja non-OGM dans les pays producteurs a engendré depuis le mois de mars une augmentation sans précédent de la prime « non-OGM ». De 75 €/t en 2019, elle était de 130 €/t en mars 2021 et plafonne depuis juin à 280 €/t. « Nous ne sommes pas sûrs qu’au mois de novembre il n’y ait pas des ruptures de soja non OGM », a alerté le vice-président du Snia, Philippe Manry, appelant à « ralentir le développement des cahiers des charges de la filière non OGM pour parvenir à assurer ceux qui existent déjà ». Sans surprise, cela se traduira par une hausse sensible des prix des produits non OGM pour les consommateurs, a-t-il estimé.
Nouvelles matières premières
Ce n’est un secret pour personne, la nutrition animale est fortement dépendante de l’importation. Si les céréales bénéficient d’une très bonne disponibilité, car cultivées en grande majorité sur le sol français, ce n’est pas le cas des oléagineux et tourteaux (soja, colza, tournesol…), qu’il faut aller chercher bien plus loin. Par ailleurs, de nombreux minéraux et additifs qui composent l’alimentation animale sont aussi issus de l’importation.
Pour répondre aux besoins, la hausse de la production nationale grâce notamment au « plan protéines végétales » est incontournable. Le Snia n’écarte aucune piste et s’intéresse aussi aux nouvelles matières premières. Cela tombe à pic. En août dernier, les farines animales ont fait leur grand retour dans l’alimentation animale, sous certaines conditions, après avoir été évincées des élevages en 2001 en raison de la crise de la vache folle. Ces « protéines animales transformées » ou « PAT » viennent effectivement d’obtenir le feu vert de l’Union européenne dans l’alimentation des volailles et des porcs, tout comme les PAT dérivées d’insectes. Le Snia a toutefois insisté sur la sécurité sanitaire et la qualité de ces « nouvelles matières premières ». « Nous serons intransigeants sur ces aspects-là », a-t-il prévenu.