Jeunes Agriculteurs tourne la page du 14 rue La Boétie
Le syndicat Jeunes Agriculteurs a quitté, le 6 octobre 2025, son berceau historique du 14 rue La Boétie à Paris. Après près de sept décennies d’histoire syndicale, les équipes emménagent au 29 rue d’Astorg, une nouvelle adresse toujours au cœur du 8ᵉ arrondissement.

Un berceau de décisions majeures. Depuis mai 1961, le siège du Centre national des jeunes agriculteurs (CNJA) s’élevait au 14 rue La Boétie, dans le 8ᵉ arrondissement de Paris. Le syndicat, qui voyait alors croître ses effectifs et ses missions, souhaitait « mieux regrouper ses services » pour répondre à « l’effort sans précédent qu’imposaient aux jeunes les évolutions techniques, économiques et sociales du monde agricole ». Sous la présidence de Marcel Deneux, jeune agriculteur de la Somme, successeur d’Hubert Buchou, le CNJA s’installe dans ces locaux afin de structurer son action nationale.
C’est dans ces murs que l’organisation s’est peu à peu affirmée comme une force incontournable du syndicalisme agricole. Le CNJA met alors en place ses services techniques, féminins et de formation des cadres, renforçant son influence au sein des organismes professionnels et publics. En 1965, les centres départementaux sont regroupés en onze centres régionaux (CRJA), pour mieux coordonner les actions locales et représenter les jeunes auprès des préfets de région, des SAFER ou encore des comités économiques et sociaux. Les quarante et un membres du conseil d’administration national, élus tous les deux ans en congrès, siégeaient à La Boétie. Une quarantaine de salariés y assuraient le fonctionnement quotidien du syndicat.
De cette adresse, de nombreuses avancées majeures ont vu le jour : la création de l’IFOCAP en 1959, la mise en place des SAFER et des ADASEA dans les années 1960, les prêts bonifiés pour soutenir l’installation des jeunes agriculteurs, le Service de remplacement lancé en 1972, puis la Dotation Jeune Agriculteur (DJA) en 1973. Dans les années 1980, le CNJA impulse l’Étude prévisionnelle à l’installation (1981), ancêtre du Plan de développement de l’exploitation (2009), et inspire la politique européenne d’installation adoptée en 1985.
Le 14 rue La Boétie a ainsi vu défiler plusieurs générations de responsables et accueilli des débats décisifs : de la refonte du dispositif d’installation portée par la Loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt (2015) aux mobilisations agricoles de 2024. Ce lieu, symbole d’engagement collectif et de transmission, restera dans l’histoire comme le cœur battant de la jeunesse agricole française.

Une nouvelle adresse tournée vers l’avenir
Ce lundi 6 octobre, Jeunes Agriculteurs investi un lieu atypique au 29 rue d’Astorg, toujours dans le 8ᵉ arrondissement de Paris. Situé à deux pas de Saint-Lazare et de la Madeleine. Le 29 rue d’Astorg n’est pas un bâtiment comme les autres. Ce lieu a vu naître l’atelier parisien de Le Corbusier en 1917, pionnier de l’architecture moderne, et a accueilli en 1935 l’artiste Dora Maar, photographe engagée, qui y installa son studio et y immortalisa Picasso. Un lieu d’art, d’audace et de résistance, marqué par des esprits visionnaires qui ont façonné leur époque.
En s’installant à Astorg, Jeunes Agriculteurs souhaite s’inscrire dans cette continuité : faire de ces murs un espace où germent les idées, où s’inventent de nouvelles façons de travailler et de défendre la profession. Comme ces créateurs qui ont repoussé les limites de leur temps, JA entend porter haut les ambitions de l’agriculture française, imaginer les outils de demain et accompagner la relève agricole avec la même énergie visionnaire.
Mémoire et transmission
Quitter le 14 rue La Boétie n’efface pas l’héritage, il le prolonge. Car si les murs changent, la mission reste la même. Fidèle à son histoire, Jeunes Agriculteurs entend poursuivre, depuis sa nouvelle adresse, son rôle de vigie et de force de proposition pour assurer le renouvellement des générations et défendre une agriculture vivante, partout sur le territoire.
Le 6 octobre 2025 marque donc moins une rupture qu’une transition : une page se ferme, une autre s’ouvre, avec la même énergie syndicale.