Jeunes Agriculteurs appelle à la stabilité et présente ses priorités de rentrée
À la veille de l’ouverture des Terres de Jim 2025, à Vieux-Manoir (Seine-Maritime), le président de Jeunes Agriculteurs, Pierrick Horel, et le secrétaire général, Quentin Le Guillous, ont dressé les grandes lignes de leur rentrée syndicale. La conférence a aussi été l’occasion d’annoncer le lancement de la plateforme pédagogique « Les Apprentis Agris ».

D’emblée, Pierrick Horel a exprimé une « pensée particulière » pour l’enseignante et l’élève poignardées au lycée horticole d’Antibes, le 10 septembre. Un drame qui, selon lui, touche directement à « l’avenir de la jeunesse et aux modèles qui nous sont chers ».
Stabilité politique et budget agricole
Dans un contexte de recomposition gouvernementale, marqué par la nomination de Sébastien Lecornu à Matignon, les JA insistent sur la nécessité d’une stabilité immédiate. « L’enjeu est d’obtenir un accord de non-censure pour avancer rapidement sur un budget ambitieux », souligne Pierrick Horel. Pour le syndicat, le projet de loi de finances (PLF) et le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2025 doivent répondre aux attentes du monde agricole. Le président revendique une vision de long terme, structurée autour d’une planification agricole, et rappelle les propositions formulées dans le « Plan et contrat d’avenir », suite aux mobilisations de 2024.
L’occasion de faire un point sur les mouvements de protestation du 10 septembre, Quentin Le Guillous a clarifié la position du syndicat : « Pour l’instant, nous ne rejoignons pas le mouvement. Nous voulons d’abord écouter ce nouveau gouvernement et travailler avec lui. » Une ligne que Pierrick Horel assume, estimant que « les JA ont besoin de constance et de vision d’avenir », plutôt que de se fondre dans des mobilisations aux slogans vagues.
Souveraineté alimentaire et défis climatiques
La souveraineté alimentaire reste un axe central de réflexion pour les Jeunes Agriculteurs. Pierrick Horel a salué l’annonce de futures conférences sur ce sujet, qu’il considère comme « un vecteur de prise de conscience » et un levier pour construire une vision durable de l’agriculture. Ces échanges, estime-t-il, doivent permettre d’associer les territoires et de donner corps à des déclinaisons concrètes pour les exploitants. Le président a également rappelé que les enjeux climatiques renforcent cette exigence.
PAC, Mercosur et commerce international
Sur le plan européen et international, les JA s’inquiètent de l’évolution de la Politique agricole commune (PAC). La baisse du budget, estimée à 86 milliards d’euros, est jugée préoccupante et potentiellement « mortifère pour la souveraineté alimentaire en Europe », dans un contexte où le nationalisme alimente la concurrence entre États. Le syndicat dénonce également la fragilité des clauses de sauvegarde dans l’accord Mercosur, jugées insuffisantes pour protéger les producteurs européens. Afin d’ouvrir des pistes de réflexion et de solutions, Jeunes Agriculteurs consacre son prochain Rapport d’Orientation (2026) au commerce international, avec un travail de fond sur la place de l’agriculture dans les accords de libre-échange, mais aussi sur les politiques de coopération et sur l’harmonisation environnementale et sociale.
L’association Demain Je Serai Paysan lance à la rentrée 2025 la plateforme en ligne Les Apprentis Agris, une boîte à outils pédagogique destinée aux enseignants et aux parents. Elle rassemble une soixantaine de supports (magazines, vidéos, jeux, livres ou encore cartes) pour sensibiliser les jeunes, de la maternelle au lycée, aux métiers de l’agriculture et à la diversité de ses filières. Au-delà des ressources téléchargeables, la plateforme permet aussi de solliciter l’intervention d’un agriculteur en classe ou d’organiser des visites d’exploitation. L’objectif est de renforcer l’attractivité d’un secteur en manque de renouvellement et casser les préjugés associés au métier. Le lancement officiel de cette plateforme aura lieu le dimanche 14 septembre, lors des Terres de Jim à Vieux-Manoir (Seine-Maritime), en présence de la ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Annie Genevard.
Enseignement agricole et transmission
Les responsables se sont félicités du lancement du Bachelor Agro, attendu à la rentrée 2026, une mesure issue de la loi d’orientation pour la souveraineté alimentaire et le renouvellement des générations. L’objectif affiché est une augmenter de 30 % le nombre d’apprenants d’ici 2030.