Politique et société

Jean Magimel : un journaliste engagé au service de l’agriculture

Jean Magimel s’est éteint à Paris, le 5 juin. Il allait avoir 89 ans. Il fut le rédacteur en chef « historique » du JA Mag.

Jean Magimel : un journaliste engagé au service de l’agriculture

Né en région parisienne en juillet 1934, Jean Magimel est originaire d’une famille de Haute-Corrèze qui s’installera plus tard dans le sud du département à Sioniac, près de Beaulieu sur Dordogne. Après des études secondaires au Petit séminaire d’Ussel en Corrèze, puis un passage à la Faculté de Droit de Limoges, il entre au Centre de formation et de perfectionnement des journalistes. Service militaire et études terminées, Jean est embauché au Centre national des jeunes agriculteurs (aujourd’hui Jeunes Agriculteurs) en 1962 en tant que chargé de la communication du syndicat. En charge du bulletin interne, il fait de Jeunes Agriculteurs (aujourd’hui JA Mag) un véritable magazine avec beaucoup de reportages, de photos, d’analyses, une grande attention portée à la maquette et la couverture. D’une certaine façon il a contribué à moderniser la presse agricole, à l’image de ce qui se faisait déjà dans la presse généraliste au Nouvel Observateur par exemple. C’est au CNJA qu’il fait la connaissance de Michel Debatisse et de son équipe. Son destin sera désormais lié à ces responsables.

En effet, il les rejoint à la FNSEA quand les Jeunes Agriculteurs issus du CNJA y prennent le pouvoir au début des années 1970. Jean est l’artisan du lancement d’Actuagri dont il sera le premier rédacteur en chef. Le premier numéro paraît en septembre 1972. À l’époque, Actuagri est un bulletin hebdomadaire destiné à alimenter la presse départementale agricole en points de vue, interviews et articles à la lumière des choix éditoriaux de Michel Debatisse, devenu président de la FNSEA, et de son équipe. Il s’agit alors de faire le contrepoint à l’agence Agra Presse contrôlée par les grandes associations spécialisées végétales (CGB et AGPB). Pendant cette période, il collabore également à l’Information agricole, le magazine mensuel de la FNSEA. Il restera à Actuagri et pilotera la publication jusqu’à sa retraite en juillet 1999.

Durant sa carrière professionnelle, Jean adhère à l’Association française des journalistes agricoles (Afja) dont il sera un animateur actif. Il en sera successivement secrétaire général puis  président de juillet 1991 à juillet 1994. À l’époque les mandats étaient de trois ans.

Également collaborateur de la revue Paysans, il en devient le rédacteur en chef quand son ami Philippe Pilot décède en 2007. Il occupera cette fonction jusqu’en 2019 tout en continuant à collaborer à la revue. Il y a seulement quelques semaines, il signait une note de lecture sur l’ouvrage de François Purseigle et de Bertrand Hervieu, « une agriculture sans agriculteurs ».

Jean Magimel est également un des auteurs de la brochure « 100 ans de syndicalisme agricole », éditée pour le compte de la FNSEA et du CNJA, un ouvrage de référence sur l’histoire professionnelle publié au début des années 1980. Un ouvrage qui a d’ailleurs été réédité, il y a quelques années. Il était d’ailleurs incollable sur l’histoire de l’agriculture et de ceux qui l’on faite.

Au terme de sa vie professionnelle et pour honorer une vie entière consacrée à la promotion de l’agriculture, il sera élevé au grade de commandeur du mérite agricole en 1998.

Modeste, réservé, curieux, étranger aux conflits, Jean était un grand professionnel rigoureux et exigeant doté d’une grande finesse d’analyse sur les hommes et les événements. Il a beaucoup donné pour le monde agricole qu’il aimait tant. Sa dépouille repose désormais en Corrèze, berceau de sa famille.

Le JA mag adresse ses sincères condoléances à son épouse, ses enfants et à ses proches.

C'était "Magi"

Pour ceux qui ont eu la chance de vivre plusieurs années avec Jean-Magimel au CNJA (JA), c'était "Magi" avec son "épaisseur humaine", la passion de sa vocation de journaliste, d'une écriture exigeante et talentueuse, pour fonder et développer le mensuel "Jeunes Agriculteurs".

Spontanément enthousiaste avec les emballements des militants JA, il gardait la mesure de sagesse vis à vis des débordements des hommes "politiques", de la démagogie et des postures faciles.

Il était attaché à sa Corrèze natale, agricole, rurale, de traditions républicaines et laïques, sans difficulté dans ses relations quotidiennes avec les anciens des Jeunesses catholiques (JAC et JEC).

Une plume de centaines d'articles s'envole, une figure JA nous a quitté.

Jean-Pierre Carlier, ancien directeur du CNJA

Adieu "Magi"

Par le hasard de circonstances et sur les conseils de deux amis de l'école de journalisme du CFJ, Jean Magimel se présente au CNJA d’alors qui le recrute pour moderniser sa communication « presse » intérieure et extérieure.

Dans le sillage des « jacistes »

Le CNJA vivait une évolution sans précédent dans le sillage ouvert par les « jacistes » Michel Debatisse, Marcel Deneux, François Guillaume, Raymond Lacombe etc… suivis autour du début des années 70 par les Vincent Gaumer, Michel Simon, Louis Lauga et bien d’autres.

Après une participation active au mouvement des lois d’orientation et complémentaire des années 1962, le CNJA lance le mouvement pour l’installation des jeunes qui donnera par exemple la création de la DJA mais aussi de la Dotation à la décohabitation, la mise en place des « administrateurs stagiaires » dans les mutuelles et coopératives agricoles etc…

Humaniste et empathique

Jean Magimel responsable du service presse du CNJA met en scène l’expression de ces années-là, notamment en mettant au point le magazine mensuel « Jeunes Agriculteurs » sur la formule des « news » magazines qui se lancent à l’époque et en allant sur le terrain faire des enquêtes, des interviews, des reportages montrant le milieu des jeunes agriculteurs et agricultrices et leurs aspirations aux changements de leur monde.

Ouvert aux idées, à la nouveauté, à la discussion, profondément humaniste et empathique, Jean Magimel était vite devenu « Magi »,  diminutif amical que le milieu agricole lui avait attribué.

Après le CNJA, Magi avait intégré la FNSEA pour lancer l’agence Actuagri. Par ailleurs, Il a continué longtemps à participer à l’animation de la revue « Paysans ».

Clin d’œil du destin :   lui qui ne recherchait pas spécialement les honneurs a été élevé au grade de commandeur dans l’ordre du Mérite agricole, ce dont il s’étonnait encore ; Sacré Magi !

 

Jean-Claude Pichon, ancien rédacteur en chef du JA mag et également ancien directeur du CNJA.