Politique et société

Glyphosate : des tests remis en question

La FRSEA Bretagne a de nouveau contesté les résultats des analyses des « pisseurs involontaires de glyphosate » menées il y a plus d’un an pour détecter la présence de glyphosate dans les urines. Cette fois-ci avec des arguments scientifiques.

Des tests trompeurs

Cette campagne dite des « pisseurs involontaires » a été conduite par différentes associations environnementales à partir de 2017, année où l’homologation de la molécule dans l’Union européenne a été prolongée de cinq ans, jusqu’à fin 2022. La plupart des tests des « pisseurs involontaires », des ruraux et des urbains, s’étaient révélés positifs. Ce qui tendait à démontrer, dans l’esprit des associations, que la molécule est présente partout. Plusieurs milliers de plaintes pour mise en danger d’autrui, tromperie et atteinte à l’environnement ont depuis été déposées et regroupées au Pôle santé publique du Parquet de Paris. 

Des résultats différents selon la technique de détection utilisée

Ce que la FRSEA Bretagne a voulu démontrer, lors d’une conférence de presse organisée en visio-conférence à la mi-février, c’est que les tests réalisés sur la base du protocole Elisa et conduits dans un même laboratoire allemand ont été « manipulés » et que les résultats constituent une « supercherie ». Il y a un an, différentes FDSEA de Bretagne, Centre-Val de Loire et Normandie avaient déjà pointé du doigt cette méthode, la jugeant « non fiable ». Pour le vérifier, ils avaient testé deux fois chaque échantillon d’urine : la première avec la méthode Elisa, la deuxième par chromatographie associée à la spectrométrie de masse. Résultat, les tests Elisa positifs se retrouvaient pratiquement tous négatifs en « chromato », du moins sous le seuil limite de détection.

Soucieux de conforter leurs arguments, les responsables de la FRSEA Bretagne ont sollicité un expert en pharmacologie et toxicologie à la retraite pour qu’il étaye leurs soupçons. « J’ai regardé l’essentiel des articles scientifiques sur la question et étudié 52 études, explique Joël Guillemain. Ce que j’observe, c’est que la technique Elisa se prête à la détection de contaminants dans l’eau, moins dans les urines. La limite de quantification choisie est volontairement placée à un seul bas, ce qui revient à élargir la population contaminée. Et qu’en plus elle n’a pas été validée pour cet usage ». En somme, l’expert s’interroge sur l’écart de résultats entre les deux techniques de détection. Pour les responsables syndicaux, la chose est entendue.

Anticiper 2022

C’est une action à visée politique, un peu moins de deux ans (fin 2022) avant la décision européenne de décider ou non de réhomologuer la molécule. « Nous voulons avoir des conditions de production comparables aux autres bassins de production en Europe », martèle Jean-Alain Divanac’h, président de la FDSEA du Finistère et vice-président de la FRSEA Bretagne. Il rappelle que les recommandations de l’Anses ont débouché sur « des limites d’utilisation en France » en 2020. Mais il tient à souligner qu’« il n’y a pas encore d’alternatives crédibles pour les grandes cultures, l’agriculture de conservation, la viticulture ». Les responsables syndicaux se tiennent prêts à saisir le Haut-Commissaire au Climat pour défendre l’usage du glyphosate. Ils estiment en effet que la molécule, notamment en agriculture de conservation, favorise le stockage de carbone dans le sol.