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Désherbage du colza : prélevée ou post-levée, quelle stratégie adopter ?

Même si la post-levée a pris l’ascendant depuis deux ans, pour lutter contre les adventices dans le colza, la prélevée n’a peut-être pas dit son dernier mot.

Pour un colza propre

Le désherbage du colza vit un véritable bouleversement depuis deux ou trois ans. Les herbicides de post-levée, qui progressent depuis quelques années, représentent désormais 60 % des applications. Il y a encore trois ans, les produits de prélevée prédominaient largement sur le marché. Mais depuis l’automne 2020, la post-levée a eu tendance à s’imposer petit à petit.

De la post-levée précoce ou tardive

Avec l’arrivée des herbicides de post-levée plus tardive à large spectre, Mozzar/Belkar, la quasi-généralisation en antigraminées du Kerb, la montée en puissance d’Alabam, les applications de post-levée, à la fois précoces et tardives, ont fortement progressé. On a assisté à un effritement de l’utilisation du traditionnel Colzor Trio.

Il faut dire que nous avons aussi eu plusieurs étés de suite avec des conditions sèches au moment des semis. Pour éviter d’avoir trop investi en cas de retournement de leurs colzas, les producteurs ont été plus enclins, pour le désherbage de leurs parcelles, à faire des impasses sur la prélevée, et à se concentrer sur la post-levée. Les agriculteurs apprécient aussi le principe du « tir à vue » sur des adventices levées, offert par les interventions de post-levée.  

De fortes infestations de graminées

Cela étant dit, la prélevée n’a peut-être pas dit son dernier mot.  Si autrefois, les producteurs étaient surtout gênés par les dicotylédones dans leurs parcelles de colza, les infestations de graminées, et en particulier de vulpins et ray-grass, posent aujourd’hui beaucoup de difficultés. Selon l’institut technique agricole Terres Inovia, la post-levée seule permet de bien contrôler les dicotylédones, mais pas les fortes infestations de graminées.  

De la prélevée à un prix abordable

« Sans la prélevée, la propyzamide, que l’on retrouve dans les herbicides de type Kerb, n’est pas suffisamment efficace et les doubles interventions sont à éviter, précise Franck Duroueix de Terres Inovia. Il existe cependant des solutions en prélevée moins onéreuses, à moins de 40 €/ha, ce qui devrait inciter les producteurs à les utiliser en cas de pressions moyennes à fortes en vulpins et ray-grass. Il s’agit du métazachlore seul à 1,5 l/ha, du dimétachlore seul à 1,5 l/ha qui sera à éviter en situations de vulpins, ou de la napropamide à 2 l/ha en présemis incorporé. »
À noter également que le contrôle du vulpin et du ray-grass dans le colza facilite le désherbage dans la céréale qui suit. Il est donc très important de bien les maîtriser dans le colza.