Politique et société

Le SIA dans les yeux de Jean-Luc Poulain

Après 16 ans de présidence du Salon international de l'agriculture, Jean-Luc Poulain à tiré sa révérence lors de cette 60e édition. Il revient, non sans émotion, sur ses belles années passées à arpenter les allées du salon le plus populaire de France. 

Jean-Luc Poulain ancien président du Sia.

Cette 60e édition marque votre dernier salon en tant que président du SIA. Vous n’êtes pas trop triste ?

Ça a été une passion pendant près de 16 années, on ne quitte pas une passion sans un brin d’émotion. Mais la raison fait que je dois partir. Il n’est pas bon de confisquer un poste trop longtemps. Il est sûr qu’un nouveau directeur y apportera sa patte. En plus de tout ça, je n’ai plus l’âge de continuer, je ne vais tout de même pas mourir là [rires] ! Au vu de toutes ses raisons, il est plus raisonnable que je me retire.

Vous partez sans regret ?

C’est difficile à dire, mais quand je vois le chemin parcouru depuis 15 ans je me dis que non. Cette décision était mûrement réfléchie. J’avais annoncé il y a trois ans que je ferais seulement la moitié de mon mandat

Quel regard portez-vous sur votre parcours à la tête du plus grand salon de France ?

Quand je suis arrivé au SIA, je sortais d’une présidence syndicale de la FDSEA de l’Oise et beaucoup de mes collègues agriculteurs nous reprochaient de ne pas savoir communiquer. Tous demandaient des outils de communication. C’était un thème lancinant qui revenait beaucoup. Quand j'ai été élu en tant que président du SIA, je n’avais pas mesuré à quel point le salon pouvait être une formidable caisse de résonnance. Durant toutes ces années, je me suis employé à en faire outil au service de la profession. Nous sommes passés de 15 visites officielles, il y a 15 ans, à 80 aujourd’hui. Avec ces dernières ce sont 3 000 journalistes qui sont accrédités. En voyant ça, je me dis que nous avons bien travaillé.

En parlant des visites, il y a-t-il une visite qui vous a particulièrement marqué ?

Sans vouloir faire de politique, car le salon est totalement neutre, de nombreuses visites m’ont marqué. Soit à cause de l’incompétence de certains politiques sur les questions agricoles, soit le contraire. Il y a une anecdote qui me revient. En 2009, lors de sa visite, l’ancien Président de la République Jacques Chirac, descend de voiture, fatigué, il a du mal a marché et je lui dis : « Président vous avez l’air en forme. » Ce à quoi il m’a répondu : « Tu es menteur ou tu ne vois pas clair ? » (Rires) 

Qu’est-ce qui a évolué depuis 2008 ?

En 2008, le visiteur lambda venait au salon pour montrer à ses petits enfants une page de nostalgie. Aujourd’hui c’est complètement différent, les stands sont devenus très ludiques et même si le côté nostalgie n’a pas totalement disparu, les gens viennent pour échanger, apprendre, connaître. Ils sont très interrogatifs et très souvent surpris par le monde agricole. Pour résumé, le SIA a suivi l’évolution logique des choses. On ne présente plus l’agriculture d’hier, mais celle d’aujourd’hui et même celle de demain.

Pourquoi il est important que Jeunes Agriculteurs soit sur le SIA ?

S’il y a bien un syndicat qui doit être là, c’est JA ! Ils sont l’avenir de l’agriculture et si le salon veut représenter l’avenir et pas le passé, il a besoin de Jeunes Agriculteurs.

Quel conseil donneriez-vous à votre remplaçant ?

Un jour, Xavier Beulin (président de la FNSEA de 2010 à 2017) m’a dit : « Développe cet outil en essayant de fédérer les autres salons pour que le message agricole et syndical puisse passer. » Pour faire ça, il faut dégager de l’argent, car rien ne se fait gratuitement. C’est ce que j’ai essayé de faire depuis que Xavier m’a dit ça.

Qu’allez-vous faire maintenant que vous êtes à la « retraite » ?

[RIRES] Étant un grand passionné de chevaux je vais m’occuper de ces derniers. Mais surtout, ne vous inquiétez pas pour moi, je sais quoi faire !

Allez-vous revenir sur le SIA ?

Bien sûr que j’y passerai une journée chaque année, c’est évident !